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il descend jusques sur les picds, chausses de laptchin (bottines lacees, en chevreau
mou) et de koundoura (soiüiers communement noirs, de forme ordinaire, sans bouts
recourbes).
Comme il n'est pas beaucoup moins convaincu de sa valeur propre, que, de son
cöte, Be Test de la sienne l’ouvrier musulman, son geste n’est pas non plus absolument
denue d’emphase bourgeoise. Une de ses mains posee sur sa ceinture de cachemirc gris,
semble dire : il y a lä de quoi en acheter bien d’autres ; tandis que son autre bras sur
lequel est rejete le pan de son ample djubbe a manches pagodes, tient un langage
different, qui signifie : il faut etre econome du bien qu’on a. Il n’y a point lä, d’ail-
leurs, de contradiction notoire.
Figure 3: kurde des enyirons de yuzgat.
Yuzgat est une ville toute moderne, situee dans une des vallees de l’ancien terri-
toire des Trocmiens, confinant ä la Cappadoce. Elle a ete fondee, vers la fin du siede
dernier, sur Templacemment d’un yaela, ou demeure d’et4 des Turcomans nomades,
par Ahmed Pacha, de la famille des Tchapan Oghlou. Le fils du fondateur fut un
des derniers Dere-Bey, ou princes feudataires de l’Empire Ottoman en Asie Mi
neure. Sous son gouvernement, la nouvelle ville s’etait rapidement peuplee, princi-
palement de colons grecs et armeniens.
Depuis la chute de la puissante famille des Tchapan Oghlou, Yuzgat n’a plus recu
d’autres habitants, parce qu’on ne s’est plus occupe d’y attirer personne. Sa popu-
lation est donc restee fixee ä pcu pres au meine chiffre, s’elevant environ a quinze
mille äines.
Son aspect est celui d’unc ville europeenne. Elle a des maisons couvertes en
tuiles, et des jardins fruitiers oii les abricots abondent.
Les tribus Kurdes des Afchar viennent faire paitre leurs troupeaux dans les
steppes traverses par la route de Yuzgat ä Kaisarie, non loin du Delidje Sou, Tun des
affluents du Kizil Irmak, et s’y etablissent pendant bete.
Ils sont alors vetus ä la legere, ainsi qu’on le voit ici. Leurs armes, inutiles pour
le mQment, sont deposees sous la tente. Un fez droit, en feutre epais et dur, recou-
vert d’un mouchoir yemeni ä fleurs, et orne d’un puskul volumineux, couvre le haut
de leur tete. L’entari de cotonnade rayee de rouge, de noir, de blanc et de jaune, sui-
vant la mode locale, qui s’applique aux etoffes de soie, aussi bien qu’ä celles de fil ou