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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
II existe aujourd’hui a Calais et ä Saint-Pierre environ 1,5oo machines,
representees par de grandes usines et marcliant toutes par la vapeur.
Cette magnifique Industrie possede, dans le rayon calaisien, un materiel
de 5o millions de francs; 17,000 ouvriers et ouvri£res sont employ4s ä
Saint-Pierre et a Calais, et, sur differents points de la France, plus de
100,000 personnes, occupees a la broderie sur tulle, aux decoupages, aux
entourages en fil blanc et en soie noire, y trouvent une existence assuree.
Elle livre annuellement au commerce de gros pour 5o millions de
produits manufactures en soie et en coton, qui, en se transformant dans
les modes en broderies, en lingeries, en confections et en nouveaut^s de
toutes sortes, deviennent encore la principale et v4ritable base de plusieurs
industries importantes, quoique secondaires.
Par son heureuse influence, un simple village, Saint-Pierre-l&s-Calais,
qui n’etait que de 4,ooo ämes en 1823, s’est rapidement transforme
sous nos yeux en une ville manufacturiere de 22,000 habitants
C’est l’industrie des tulles et dentelles ä la m^canique, dont les d^ve-
loppements ont 4te si grancls, qui repand aujourd’hui, surtout a Saint-
Pierre, le travail, le mouvement et la vie, dont les heureuses consequences
sont le bien-etre etla fortune pour tous nos ouvriers et patrons.
Malbeureusement, nos fabricants ont tres-peu expose ä Vienne; un tres-
petit nombre, relativement, avaient envoye leurs produits. Environ 200 fa-
bi’iques se sont abstenues! II est necessaire d’expliquer ici la Situation
actuelle de la fabrique de tulles de Saint-Pierre et de Calais, et les motifs
qui ont pu combattre chez la plupart des fabricants le d^sir qu’ils auraient
eu d’envoyer leurs produits ä l’Exposition universelle de Vienne.
Depuis l’application du Systeme Jacquard au metier a tulle, les moyens
de fabrication sont ct peu pr&s les meines en France et en Angleterre 2 . La
metier veritablement franfais. 1 L’apparition de
ce metier decida de i’avenir de ia fabrique; de
nombreuses machines se construisirent sur ie
rrieme modele, et repandirentbientöt dans toute
la France les produits'calaisiens. Alors com-
menca pour Calais et Saint-Pierre-läs-Calais
une ere nouvelle : notre pays efait dote d’une
source de richesse et de prosperite, grtice aux
efforts perseveranls et ä l’intelligence de
MM. Lievin Delhaye et Dubout.r
1 Dans un banquet qui a eu lieu tout dernie-
rement pour föter le passage du Ministre des
travaux publics, M. Deseilligny a repondu au
toast du prefet par un remarquable discours
dont nous extrayons le passagejuiivant:
ej’elais il y a deux mois a Calais, dont j’exa-
minais le port. On me proposa et j’acceplai
avec empressement de xfsiter la ville de Saint-
Pierre-te-Calais, qui est presque attenante ä
Calais. J’y ai constale avec surprise et admi-
ration le developpement extraordinaire de l’in
dustrie tulliere.
eCelte ville, nee d’hier, on peul ie dire, a
maintenant 17,000 ouvriers et ouvrieres; ses
produits se repandent dans le monde entier.
Que les fortifications disparaissent, comme les
habitants des deux villes le demandent et
comme ilest possiblequ’ilsl’obtiennent, et Ca
lais, uni ä Saint-Pierre, sera bientot une ville
de'60,000 ämes, vivant ä la fois de commerce
maritime et ile l’imporlante industrie tulliere.
2 II est bien important de ne pas confondre