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que les autres, relient le casque ä un poitrinal egalement forme de rangs multiplies
et superposes de monnaies d’or et d’argent, leur donne un petit air brave tres decide.
Leur entari court, en soie brochee a grandes palmes, taillade aux manches en
forme de queue d’ecrevisse, s’ouvre par devant et laisse entierement a decouvert la
chemise transparente, en beurundjuk, qui seule couvre leurs seins. Un djubbe sans
manches couvre jusqu’ä mi-jambes leur dos et leurs cötes, sans rien cacher du de
vant du costume, qu’il rehausse de ses decoupures fantastiques et de ses broderies
aussi riches que compliquees.
Dans une boutonniere de ce djubbe, est passe le mouchoir de linon trans
parent, brode aux quatre coins de grands fleurons d’or, formant un pendant naturel
ä la serviette de*coton pelucheux ä bordure ouvragee, ä sextuple etage de soies de Cou
leurs diverses et de paillettes, dont les bouts retombent sur le chalvar de satin a
bouquets broches, parallellement ä ceux d’une ceinture en epais tissu de fils d’or et de
soie ä carreaux, garnie de longues tresses et de houppes eclatantes. Le bas du chal
var arrondit sa garniture de broderie d’or comme un magnifique bracelet, autour
de bas blancs bien tires enfonces aux extremites dans des paboudj de Velours incarna-
din, ou, du sein de feuillages d’or, s’epanouissent des milliers de fleurettes de perles fines.
Figure: 2 dame chretienne de skodra.
D’une tournure ä peine moins belliqueuse que celle du couvre-chef des dames
musulmanes de Skodra, la coiffure des dames chretiennes, au lieu d’affecter la forme
d’un casque, prend l’apparence du mortier dont les nobles Chevaliers, hötes et allies
d’Iskender bey, couvraient leurs longues chevelures blondes dans les graves conseils
qui decidaient de l’ordonnance de leurs batailles, ou dans les joyeux banquets oü,
faisant circuler de main en main le vidercome, ils buvaient largement ä leurs victoires.
II suffit aux dames chretiennes de Skodra, pour se donner cet aspect heroique, de
poser sur leur tete avec art une simple serviette de coton brodee de soie et d’or, en-
touree d’un large et epais galon rouge serre sur leurs tempes. Les bouts de la ser
viette forment de chaque cote du visage un accompagnement gracieux aux anneaux
souples et lustres de leurs cheveux tombant en nappes ondoyantes. Des boucles d’o-
reilles en filigrane en rehaussent et font valoir, par leur eclat argentin, les tons
intenses et vigoureux.
Suspendue ä un elegant collier egalement compose de fleurettes en filigrane d’ar-
gent, se balance sur les cliairs satinees, entre les deux seins circonscrits par la
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