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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
Citons encore, outre les deüx portraits de M. Cabanel dont nous
avons parle, un beau Portrait de List:, par M. Layraud; ceux deM. Bonne-
grace, et celui de M me C., en robe de veiours rouge, par M. Cot. Le por-
trait, on le voit, &äit dignement represente dans nolre Exposition fran-
caise. En parcourant tout a i’heure les salles etrangeres, nous ne trou-
verons nulle part ni Fenergie de M. Carolus Duran, ni Fexactitude serree
de M. Gaillard, ni la distinction de M. Cabanel, ni l’allure simple et
franche de M lle Jacquemart.
Si nous passons maintenant aux tableaux de genre proprement dits,
nous aurons devant nous une serie remarquable et nombreuse d’oeuvres
qui temoignent une fois de plus de la variete d’imagination et d’aptiludes
de nos peintres.
La premiere place revient ici de droit a M. Meissonier. Son exposition
ofl'rait un interet considerable, en raison de l’ouvrage nouveau qui y pa-
raissait et qui est un evcinernent. Nous n’avons pas a porter ici un juge-
ment sur cette page grandiose que 1’auteur intitule simplement 1807, et
qu’il a consenti ä exposer inachevee. Avant qu’elle ne passe dans les
mains de 1’opulent amateur dont eile ira rejoindre les chefs-d’oeuvre
en Angleterre, on la verra, on la jugera en France, nous Fesperons
du moins. C’est a propos de ce tableau qu’un critique etranger ecrivait cos
lignes : «La France possede dans son jeu un atout qu’aucune carte de ses
adversaires ne pourra 1 ui couper. 5? Et plus loin il ajoute : «Rien ne peut
donner un exemple plus eclatant des qualites caracteristiques du travail
des peintres franjais que cette eonstellation de sept etoiles formee a FEx-
position par les tableaux de M. Meissonier. r>
Ou trouver, en effet, rien qui puisse correspondre dans les dcoles etran
geres a ces petits chefs-d’ceuvre dont le tableau de 1807 etait entoure ?
A-l-on jamais penetre plus avant dans la justesse, dans la verite de Feffetf
Ge qui enchanle dans cette peinture, c’cst Fabsence coinplete de cbarla-
tanisme, de ficelle. Le peintre n’elude jamais, ne tourne pas la difFiculte,
il ia combat jusqu’au triomphe. Ce sera le grand bonneur de M. Meis
sonier d’avoir enseigne un art tenace et sincere, et d’avoir prouve (|ue la
nature accorde tout a Fhomme qui consent a la kitte avec eile, qui Faborde
avec la resolution de vaincre et ne deserte point le combat en voilant sa
faiblesse par des artifices de toucbe et de maniere, ou en donnant une
ebauche pour le resultat voulu.
L’exactitude du costume et de Funiforme a ete poussde si loin dans le
tableau dont nous venons de parier, ainsi que dans les sujets du temps de
la Repubiiquo ou de l’Empire que M. Meissonier a souvent traites, qu’en
debors de leur valeur arlisti(|ue on peut predire i|ue ces ccuvres resleront