— 304
grand port forme par deux langues de terre qui se recourbent en arc, et entre lesquel-
les il n’y a pas moins de 4 kilometres de distance. Les plus grands vaisseaux y trouvent
un bon mouillage; mais il faut qu’ils s’arretent pres de l’entree, car au delä la mer
manque de profondeur. On fait a Moka un grand commerce de cafe. Il n’en croit pour-
tant point sur son territoire; mais on l’y apporte de Beit-el-Fakih, qui en est eloignee
de 140 kilometres environ.
Hudeida, beaucoup plus rapprochee de cette derniere ville, par consequent plus
favorisee par cette Situation meme, fait une exportation de cafe de Yemen bien plus
considerable que celle de Moka.
Beit-el-Fakih, entrepöt actuel de tout le meilleur cafe du Yemen, est une grande
ville ouverte, defendue seulement au moyen d’un fort qui en occupe le centre. Les
maisons, baties en terre et en briques, ont leurs toits couverts de brancbes de
dattiers.
Aden est ä l’extremite la plus meridionale de l’Arabie, au point oü le detroit
de Bab el Mandeb se termine, sur la mer des Indes. Elle est eloignee de Moka
d’environ 160 kilometres sud-est. Cette ville est batie au pied d’une montagne tres
haute, mais assez etroite, qui s’avance dans la mer et en est environnee de tous
les cötes, a l’exception d’un seul, par oü une langue de sable la relie ä la terre. C’est
le seul passage qui puisse donner acces a Aden de ce cöte. Il est defendu par plu-
sieurs forts qui en rendent les approches presque impraticables ä l’ennemi. Du cöte
de la mer, Aden, plus accessible, est situee sur une baie d’environ 35 kilometres d’ou-
verture, qui se resserre pres de la ville et y forme un port large de 4 kilometres, oü
les vaisseaux peuvent mouiller. Deux grandes roches oü sont etablies des batteries
eommandent ce port. Alphonse d’Albuquerquel’assiegea en 1513 de lere chretienne,
et en fut repousse. Aden se soumit quinze ans plus tard ä Sultan Suleiman el
Kanouni. La Situation d’Aden, qui lui procure des Communications faciles avec
l'Egypte, l’Abyssinie, la Perse et toutes les riches contrees baignees par la mer des
Indes, la designe naturellement comme une des plus considerables places de com
merce du monde.
Abou Arich est sur la route de Sanaa a Mekke; son territoire est tres fertile.
C’est d’ailleurs surtout au vilayet de Yemen que convient l’epithete d’heureuse ap-
pliquee par les anciens ä la partie littorale de la peninsule Arabique.
Ses richesses naturelles sont en effet importantes. Toutes les regions que le
voisinage des eaux douces rend susceptibles de culture y sont couvertes de bois de
cocotiers, de bananiers, de plantations de cafe, d’arbres a fruits de toute espece ; il y
croit en abondance du riz, du froment, de borge, du sorgho. Les parties sablonneuses
elles-memes ne sont pas steriles ; le dattier y prospere. Les vilayets de Yemen et de
Hedjaz produisent l’aloes, l’encens, la myrrhe, le bäume, le caroubier, la casse, le
sene et beaucoup d’autres plantes aromatiques ou medicinales.
Le fond de la population de ces deux vilayets se compose pour les sept huitiemes