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et les saints du portail- de nos vieilles cathddrales. Les
lourds cabochons dont on seine ailleurs des chandeliers
d’un dessin banal et massif ne peuvent relever ces produits
dune fonte ä peine degrossie.
Le procede de l’estampage au balancier, substitue a la
coulee de l’argent et ä la reciselure, semble suffire aux
demandes des ecclesiastiques italiens.
L’idee symbolique qui fait etinceler les rayons du soleil
autour du tabernacle des autels catholiques'a inspire aux
ornemanistes du xvi e siede des reprbsentations plastiques
dont la laideur depasse la banalitd. Les gens de goüt ont
souvent deplore le maintien de ces « gloires monumentales »
qui deparent encore les maitre-autels dans certaines rdgions
de la France et dont on retrouve les lourds rayons, plate
ment dores, dans quelques autres pays. A l’imitation de
ces lourds et enormes tabernacles, les orfevres catholiques
du xvm' siede ont construit des ostensoirs ou l’hostie
consacrbe est entouree de rayons massifs rappelant moins
l’astre du jour que l’embleme theatral dessine par les flat-
teurs du roi Louis XIV. Sur cette aureole doree, plate et
monotone, ils plaquaient depais nuages d’argent; aux
beaux jours du rococo, des tetes d’anges bouffls, executds
au repousse ou möiqe estampes au balancier. Bon nombre
d’dglises de notre pays exhibent encore, aux jours de föte,
ces remontrances aussi peu elegantes que depourvues de
caractere. Un exposant a essaye de les traiter en style neo-
gothique, conservant le type de l’astre solaire. Les rayons
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sont effilbs en maigres rais de roue, au lieu de se contourner
en lame flamboyante : le resultat de cet archai'sme de
mauvais goüt fait presque regretter la rondeur et l’ampleur
des modeles du style rocaille le plus tourmente.
Mentionnons encore de beaux vases argentes pour la
eene lutherienne dont rornementation consistait en une
forme elegante, style Renaissance, et une croix simplement
gravee (Kürtz, Wurtemberg), etpassons, sans nous arreter,
devant une crosse episcopale bien travaillee, mais que
l’exposant classait au groupe des mbtaux, dedaignant amsi
nos bloges.
Des filigranes entrelaces avec goüt et fantaisie par un
orfevre de Damas enserrent un petit vase au galbe correct,
gracieusement bombe vers le fond., s’effilant vers lorifice,
que termine un goulot etroit et prolonge. C’est le flacon ä
l’essence de rose, Vattar gull, dont les Orientaux aiment ü
parfumer leurs demeures et dont les gouttelettes suaves
saluent et parfument le croyant, lorsqu’apres les ablutions
aux fontaines placees dans la cour de chaque mosquee, il
penetre dans le sanctuaire. Les vases en cuivre repoussö,
dans lesquels les servants catholiques portent leau bdnite,
sont sans doute plus severes et plus grandioses, mais jamais
les details ne sont finis avec plus de goüt que n’en mon-
traient les combinaisons de fils varies formant un delicieux
rdseau d’ornements mauresques sur l’oeuvre, a la fois bdni-
tier et goupillon, signee du nom de Djiram.