Quel chemin parcouru en mois de cinquante ans!
II y a loin de la finesse, de l’exquise sensibilite et de
la delicatesse d’un Pissaro et d’un Sisley ä la froide
severite d’un Chirico ou d’un Lurgat. Et ä l’interieur
d’un meme peintre, quelle distance entre le Picasso
de la fameuse periode bleue ou meme celui qui crayon-
nait l’emouvant portrait de Guillaume Appollinaire,
et l’auteur de ces brutales et deconcertantes Creations
des dernieres annees.
Depuis les premieres toiles impressionnistes et jusqu’ä
nos jours, ce petit ilot qu’est Paris ou meme l’etroit
espace qui separe le Boulevard Montparnasse du Fau-
bourg Montmartre, est le centre d’une activite extra-
ordinaire d’oü naissent en un jaillissement continu des
ceuvres d’une prodigieuse variete.
II est exagere de dire qu’il n’est pas de peinture
moderne en dehors de Paris. Paris le sait bien qui vit
de l’apport de la province aussi bien que de l’etranger.
L’esprit, comme chacun sait, Souffle oü il veut, mais
il est des endroits privilegies et Paris est actuellement
un de ceux-lä. Toutes les formes frangaises se concentrent
ä Paris et toute palette mele ses couleurs ä Paris qui
devient de ce fait le grand creuset dans lequel se fondent,
s’amalgament et s’epurent toutes les tendances, toutes
les ressources, toutes les idees venues des quatre coins
de la province et du monde. Une gloire n’est veritable
et incontestee aujourd’hui dans le domaine de la peinture
si eile n’a ete consacree a Paris.
C’est ainsi que l’on voit, et cette exposition en offre
un vivant exemple, les peintres depuis un demi-siecle,
XII