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plus simples de forme, et . totalement dennees de ces somptueuses et artistiques
decorations qui font rayonner la reputation des tailleurs-brodeurs de Yani'a jus-
qu’ä Constantinople, Alexandrie et Athenes. Les paboudj de maroquin rouge n’ont
de remarquable que leur solidite; aucun de ces pompons qui agrementent la chaussure
a la poulaine des arnaouts du Yilayet voisin, ne mele intempestivement ses festons et
ses astragales aux lignes severement rustiques de ces monuments de l’art du cordon-
nier albanais. Le djamadan, montant jusqu’au cou, qu’il emprisonne dans ses con-
tours tailles par des ciseaux puritains, n’a d’autres broderies qu’une etroite bande de
de palmettes de chaque cöte, et quelques minces losanges meles de rinceaux d’une
elegance maigre, au bas des manches. La ceinture est en soie tunisicnne, rayee de jaune
et de rouge.
Seul, le dolama, dans tout cet ensemble plein de sobriete, lance, comme une pro-
testation en faveur de hart ottoman, les fusees de ses palmes en soutache et ganse, qui
s’epanouissent au bas de sa longue jupe, et de ses manches harmonieusement deployees,
comme des alles. Encore, la matiere premiere de ces broderies n’est-elle que de la soie,
de meme que les larges passementeries qui les accompagnent. On ne voit reluire d’au-
tre or, sur ce costume, que celui des deux rangees de boutons en losanges du dolama.
La coiffure elle-meme forme un contraste parfait avec eile des arnaouts de la
Basse Albanie; au lieu d’etre ample et mou, le fez est droit et roide. Un puskul abon-
dant, comme une chevelure merovingienne, l’inonde de ses flots bleus.
Figure 2: dame musulmane de skodra.
On a deja decrit ce costume plus haut; c’est celui de la figure 1 de la planche-
precedente. II n’y a de plus, ici, que le feradje. La dame musulmane de Skodra jette ce
manteau sur ses vetements, quand eile sort, comme une vaste cape, et le ramene avec
soin sur son visage en cas de rencontre de passants d’un autre sexe.