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piquent des epingles d’orfevrerie, les nnes ä tetes arrondies en soleils, les autres garnies
de chainettes qui pendent aux deux cötes du visage et derriere la tete.*
Elles sont vetues d’un chemise ä fine gorgerette ornee d’un petit col droit en bro-
derie dite oya ou bibil, genre tout particulierement oriental, qui se fabrique au bout du
doigt, sans metier ni modele, et seulement a l’aide d’une longue aiguille.
Un entari de drap, echancre sur la poitrine, laisse ä decouvert la chemise ä l’en-
droit des seins. Une epingle en forme de soleil est placee au milieu de l’echancrure.
Une lourde ceinture d’argent, avec larges plaques repoussees en forme de coquilles,
fixe a la taille un tablier long nomme eteklik, ä coins brodes. Elles retroussent les lon-
gues manches ä extremites tailladees de leur salta pour en laisser voir la doublure de
soie rayee, et passent par dessus un chaud hebe noir, sans manches, passemente sur
toutes ses coutures.Des bas de laine montants et des kaltcha (chausses) protegent leurs
jambes et leurs pieds chausses de souliers vernis.
Figure 2: cheetienne de peeveza.
Les femmes chretiennes de Preveza se coiffent d’un mouchoir yemeni, peint de
grandes fleurs; eiles en font passer les bouts sur le bas de leur visage et autour de leur
cou pour se garantir de la fraicheur des brises qui soufflent de la mer. Les manches
rabattues de leur fistan de taffetas defendent leurs mains ; un yelek de drap tient leur
poitrine au chaud ; un tchepken brode de larges rinceaux d’or ajoute ä cette utile mis-
sion quelque chose d’agreable aux yeux, et un djubbe garni de passementerie complete
la mission comfortable devolue ä l’habillement d’une bonne bourgeoise, femme ou fille
de pecheur possedant une ou plusieurs barques en toute propriete, et vivant a l’aise de
son petit commerce de poisson.
Des boucles d’oreille et des bagues d’argent sont toute la parure des femmes de
Preveza. Elles se chaussent de souliers. Leur costume complet coüte environ 350 francs.