kiotes refuserent de se meler aux nouveaux arrivants, et ils eviterent le contact des
Venitiens avec le meme soin qu’ils avaient evite celui des Arabes, des Byzantins, des
Romains et meme des Grecs. Lorsqu’ils cederent enfin, ils continuerent a se livrer a
la piraterie, et les magistrats venitiens dürent se resigner a souffrir ce qu’ils ne pon-
vaient empecher, en le sanctionnant par un semblant d’autorisation pour l’honneur du
principe de la suzerainete de la Bepublique.
Sous la domination Ottomane, les Sphakiotes ne cesserent pas de vivre comme par
le passe, dans une insoumission permanente. Ils n’ont pu etre entierement reduits ä
l’obeissance qu’en 1770 de lere Chretienne, et depuis ils ont encore profite de toutes-
les occasions, de tous les pretextes, pour se revolter de nouveau.
Les Sphakiotes portent, comme les habitants de Hanoia, le gilet de feutre collant
avec ouverture pour passer la tete. Pardessus ce gilet, se croise un djamadan aux bords
echancres en ecusson, et garni d’une double rangee de gros boutons en forme de müres
ou de framboises. Une ceinture de soie rouge a raiesjaunes serreleurs reins et main-
tient la culotte large de feutre blanc qui couvre le haut de leurs bottes molles ä tiges
grises et ä souhers rouges. Ils sont coiffes d’un fez droit, assez semblable au fez mili-
taire öttoman, avec puskul orne de papier decoupe et dore. Un hapout (capote) en aba
gris, ä capuchon, et orne de broderies en laine noire sur les coutures et le bas des man
ches, les premunit contre la fraicheur de la nuit et les variations subites de la tem-
perature en mer, causees par les changements de direction du vent.
On remarquera que les broderies des costumes Sphakiotes sont en quelque sorte
une profession de foi, une invitation au martyre. La croix grecque dessine avec osten-
tation ses quatre branches egales sur leurs manches, et les palmettes qui l’accompagnent
ont avec l'aigle Imperiale des rapports de forme vagues, si Ton y regarde de trop pres ;
m iis tres distincts des qu’on s’eloigne assez pour ne plus voir que la masse du dessin’