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Nous ne pouvions donc pas faire autrement que de donner une place honorable
parmi les habitants du Vilayet des lies, aux braves artisans potiers de Tchanak-kale ;
aussi avons-nous fait de leurs costumes l’objet d’une planche speciale.
PLANCHE III.
Figures 1 et 2: artisan musulman et artisane musulmane
DE TCHANAK-KALE.
C’est par la simplicite la plus parfaite que se distingue le costume de Fartisan
musulman de Tchanak-kale. Les etoffes en sont communes, solides, propres et a bon
marclie. La couleur blanche en forme le fond : mintan et chalwar de coton et grands
bas de lame tricotes au foyer domestique. Un yelek raye, une ceinture d’epais tissu
diape, un kuloh de forme haute, couronnant comme un dorne tout ledifice termine en
bas par des paboudj rouges, relüvent la monotonie de l’ensemble par leurs couleur»
C(_'IcL LcXIiLGS.
Le costume de la fcmrne a quelque chose de plus fantastique que celui de l’homme.
II ressemble de moins lom aux creations bizarres de l’imagination de nos potiers. Tou-
tefois, il sait se maintenir dans des limites raisonnables; il n’a absolument rien de trop
comphque. _ Une longue chemise d etoffe de couleur foncee, agrementee sur la
portrme de k trois etoiles en argent ressemblant a s’y meprendre a des ddcorations •
un liyrlca-, une haute coiffure avec le voile de rigucur en toile de coton, peinte ä lä
mam de frais bouquets de fleurs ; des paboudj rouges semblables a ceux de son mari •
c est tout. 1 ’
De pareils costumes n’ont rien de ruineux pour un menage. On remarquera pour-
tant que, tandis que le costume de bartisan potier de Tchanak-kale ne coüte complet
que 70 piastres (14 francs) celui de sa femme, grace aux bijoux qui Foment ne raut
pas moins du double, soit la somme fabuleuse de 28 francs ! . . . Dans tous les pavs
parait-il, les maris se laissent volontiere entrainer a des prodigalites pour cmbellir cn
core leur plus belle moitie.