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Pourtant les ouvrieres des grandes fabriques etablies en Asie mineirre dans le»
nouveaux centres de production ä outrance qui fonctionnent suivant tons les usages
europeens, ne gagnent que 33 Centimes par jour, pour prix d’un travail excessif et
abrutissant, accompli dans un milieu malsain; sans parier des inconvenients plus
graves encore qu’y rencontrent des femmes entassees pele-mele sous la direction et le
eontact continuels d’hommes qui ne sont pas leurs parents.
D’un cöte extenuement, demoralisation, misere, fruits des methodes avancees;
c'est le travail en fabrique, l’exploitation de l’ouvrier et de 1’acheteur, l’avilissement
du produit manufacture.
De l’autre liberte, dignite, moralite, aisance relative ; c’est le travail en fand Ile,
qui produit par surcroit des resultats materiels meilleurs, moins brillants peut-etre
inais plus originaux, plus artistiques, plus soigneux des bonnes traditions du metier,
et en fin de compte plus solides et ä meilleur marche. Cela se prouve par des chiffres,
II n’est pas permis de le eontester serieusement sans mauvaise foi.
Figure 2: femme chretienne de chio.
Les femmes de l'ile de Chio sont renommees pour leur beaute et leur amabilite.
Elles ont, de plus, une aptitude naturelle pour tous les travaux domestiques. Ce sont
d excellentes femmes de menage, qui s’occupent avec beaucoup de sollicitude du bien-
etre de leur famille. C’est parmi les jeunes tilles de la classe inferieure de eette ile que
se recrute pour la majeure partie la domesticite femelle de Constantinople. Les dada
(bonnes d’enfants) et autres servantes, jusques et y compris les messia (femmes de
ehambre), qui par leur gaiete naturelle, leur desir de plaire, et l’exactitude avec la-
quelle eile s’acquittent de leurs fonctions, savent se rendre agreables ä leurs maitres-
ses, et donner au foyer conjugal un attrait de plus, sont toutes arrivees ä la Poli au
milieu des fruits et des legumes, dans un de ces charmants petits batiments ä voiles qui
rappellent par leur forme singuliere et elegante les galeres de Salamine.
Toutefois, les filles Cbiotes n’ont pas le privilege exclusif du Service des maisons
grecques de Pera et du Bosphore. Elles le partagent avec celles des autres des de 1’Ar
chipel, mais en gardant la plus grosse et la meilleur part.
M. de Choiseul-Gouffier, qui a vu de pres les dames de Chio, en parle ainsi:
“ Elles sont gaies, vives et piquantes. A cetagrement eiles joindraient l’avantage
^ reel de la beaute, si eiles ne se defiguraient par rhabillement le plus deraisonnable et