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pour les gens de goüt, au moyen d’un mince saryk qui serre dans ses maigres plis son
extremite inferieure,comme un etroit tore de bronze roule autoür delabase dune haute
colonne de porphyre.
Tout ce qu’on apeiyoit du reste de ce costumese resume enunlong entari decoton
raye, attache sur les cötes avec un cordon; en un court mintan de drap fin; puis en
uue double chaussure, composee de mest et paboudj noirs.
Le tout n’est pas eher: linge compris, cekhvaut 295 piastres (59 francs).
PLANCHE Y.
Figure 1: commerqant chretien d’aidin.
Yoici certainement le bakkal qui fournit a bon poids, a large mesure—ä son propre
uvantage, bien entendu—la maison de Partisan d’A'idin d’huile d’olive de premier
ohoix, sentant fortement son fruit; de vinaigre de vin sincere, innocent s’il en fut ja-
mais; de caviar et autres denrees exotiques, le tout au plus juste prix, pourvu que
d’avance on le sache bien. Cet honnete homme deviendra relativement riche; il fera
souche de proprietaires, assurement. Sa place est reservee pres du sofa du gouver-
neur, dans un bon fauteuil qui tend deja ses bras hospitaliers a ce membre futur des
medjliss (conseils) de la province.
En attendant, il pese gravement dans sa conscience d’honnete epieier tous les (den
de la vente, en se demandant combien de temps encore et a quel taux il lui faudra
livrer ä ses concitoyens le Sucre et le cafe quotidiens, avant de conquerir le droit d’e-
mettre hardiment en haut lieu son opinion sur le gouvernement, et de pouvoir oser
dire impunement au Vidi lui-meme : bach ustune effendimiz (comme il vous plaira,
Monseigneur).
Son caractere independant se peint d’ailleurs sur son visage austere, ombrage
sous le mandil (mouchoir) qui ceint de ses plis irreguliers son fez deforme par les
soucis commerciaux—il se gratte souvent la tete ; beaucoup de grands hommes ont eu
comme lui, ont encore, et auront ce tic. Toute son attitude est fierc; son djarnadan