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PLANCHE VI.
Figur es 1 et 2: dames mtjsulmanes de man iss a.
Dans la plupart des grandes villes de la Turquie, a Manissa comme ä Constan-
tinople, deux systemes opposes se trouvent en presence, pretendant chacun de son cote
donner le ton et regir le costume. L’un represente la mode, l’importation etrangere ;
l’autre s’appuie sur la tradition, c’est celui du goüt national. L’un tend aclianger
perpetuellement, ä se transformer du jour au lendemain, brülant aujourdhui ce quil
adorait la veille ; l’autre n’admet que de legeres modifications de details, et reste im-
muable dans son ensemble.
Moins avancees toutefois que leurs maris, les dames musulmanes les plus pro-
gressistes, celles qui portent des bottines de Paris, des robes d’etoffes de Lyon, des
o-ants Jouvin, et qui se fournissent de parfumerie chez Lubin, n’osent renverser de
fond en comble l’edifice de leur toilette. Elles en conservent toujours l’aspect gene
ral. Un certain cachet oriental y reste imprime, et le fosse qui separe le costume
d la franko, du costume indigene, n’est pas aussi profond du cöte des dames que de
celui des hommes.
Ainsi, par exemple, la dame representee par la fignre 1 de notre Planche VI a
remplace l’antique/ez en forme de mortier, borde d’une bande de brodene d’or, et cou-
vert d’un puskul bleu soigneusement etale (figure 2), par un microscopique oya eurtu
visant ä imiter le chapeau europeen. Au lieu du mintan de ses meres, eile a endosse la
polka de Velours, entouree toutefois de broderies d’or representant des cypres qui alter-
nent avec des roses, et qui valent bien les bouquets seines par les mainsdes memes ou-
vrieres sur le vetement qu’elle repousse comme suranne. Son fistan est d’une etoffe
exotique; des dessins savamment combines, en vue de l’exportation, par des ai-tistes
peu au courant des goüts orientaux, qu’üs supposent par trop sauvages, y remplacent
les rayures eclatantes, mais surtout harmonieuses, de ces splendides etoffes turques,
si recherchees en Occident. On ne voit pas,et c’est regrettable,transparaitre souslache-
mise de beurundjuk bordee d'oya, les blanches rondeurs de son sein. Elle rougirait d’e-
taler naivement, comme l’arrieree placee sub N° 2, son tchevre de mousseline empesee,
ä fleurettes de soies diversement colorees, melangees de paillettes d’or, surle devantde
sa ceinture de cachemire. Le riche volle que ne quitte jamais cette retardataire obsti-
nee, qui fait partie integrante de sa coiffure, qui est cousu ä son fez, n a pas 1 heur de