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gien chante par le vieil Homere, et choisi dans les temps modernes cornrne emblem«.
de la liberte. A ce dernier titre, il ne saurait etre mieux place.
Autour du feutre rouge de ce bonnet, pour le mieux fixer sur la tete, un mouelioir
yemeni s’enroule; il est maintenu lui-meme a l’aicle d’une bancle de drap feutre rouge,
de meme etoffe et de meme couleur que le bonnet, et taillee en pointe a scs deux ex-
tremites, qu’on peut denoucr au besoin et laisser pendre le long du visage, ce qui com-
plete alors la physionomie archaique de la coiffure.
Pourtant, quelque cbose ici vient s’opposer ä la satisfaction complete de l'anti-
quaire, c’est le puskul Suspendu a la corne du bonnet par une ganse ronde, de la meme
maniere que ceux des fez militaires, ce puskul modifie profondement la tournure de
bonnet phrygien, de corne ducale venitienne, ou de coifiure republicaine du Hotoz de
la femme Turcomane d’Outmouk. Il lui imprime, en echange, le caractere vulgaire et
prosaxque d’un simple bonnet de police, un peu pointu. Sic transit gloria mundi.
Ainsi transforme, d’ailleurs, il ne s’harmonise que mieux avecle reste du costume,
car le kapout de gros drap de la Turcomane possede avec la capote du Soldat des at-
finites qui ne comportent aucun mystere. Son entari raye, ferme par un col droit, et
tombant de la tete aux pieds sans se preter en chemin ä ces molles ondulations com-
munes aux ^tements feminins ordinaires, n’est pas d’une simplicite moinclre. La cem-
ture, en chale des fabriques locales, soie et coton, qui le fixe sur les hanches, est mo-
destement et regulierement pliee, comme le serait celle d’une cantiniere exempte de
toute coquetterie, obeissant aux lois somptuaires du regiment avec la soumission et
la passivite qui conviennent en pareil cas.
Modeste jusqu’a la fin, la Turcomane du Karie d’Outmouk cacbe sous 1 ombre
epaissede sa robe ses bottes rouges recourbees aux extremites; et le seid detail un
peu moins s6vcre qu’il soit possible de constater chez eile consiste uniquement en ces
tres peu pretentieux sabots que le mintan et Yentari dessment sur ses mains, ou ils
forment de gracieuses et vastes manchettes en s’echappant du kapout, un peu court
aux bras.
Figure 3: femme kubde de saei kaya.
Plusieurs vilayets sont peuples en partie de hordes errantes, essentiellement diffe
rentes des Turcomans. Tandis que ceux-ci pratiquent generalement les vertus patnar-
cales les Kurdes, au contraire, n’en connaissent, pour ainsi dire, point d’autre que
l’hospitalite. Les Turcomans sont foncierement pacifiques et probes,les Kurdes sont fa-