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rouches, remuants, querelleurs et amateurs du bien d’autrui. Leur origine est d’ailleurs
tonte autie; on croit que les Kurdes sont les descendants des Karduques, peuple qui
du temps de la domination persane, habitait la contree nommee aujourd’hui Kurdistan.
On aura plus loin l’occasion de parier des Kurdes plus en detail, lorsqu’on abordera
la description des costumes populaires des vilayets comprenant la haute et basse Armenie.
Placee ä cote de la feinme Turcomane de Outmouk, la femme Kurde de Sari
Ka} a fait distinguer a tout oeil un peu exerce, par la seule comparaison des deux cos
tumes, la ligne de demarcation morale profondement tracee entre deux races qui n’ont
de commun que la vie nomade.
La principale ressource des Kurdes comme des Turcomans est le produit de l’eleve
des tioupeaux; mais les industries qui en decoulent: la fabrication des tapis, du beurre,
du fromage, etc., sont un peu negliges par les premiers. Le travail regulier n’est pas
leur fait. Ils ne lui demandent gueres que leur nouriture. Ils empruntent des popu-
lations sedentaires, soit par la force ouverte, soit par l’intimidation, tout ce qui leur
manque du reste.
Aussi faut-il qu’ils soient vetus plus lestement, ahn d’agir avec promptitude dans
les coups de main, et d’echapper au besoin par une fuite rapide aux revendications.
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Les vetements longs et amples de la Turcomane d’Outmouk, son allure tranquille
et debonnaire, ne conviendraient pas ä la femme Kurde de Sari Kaya, qui doit pou-
voii aider effectivement les hommes a rassembler le betail en un instant, ä charger les
tentes; vaquer, enfin, avec activite, a tous les soins multiples d’un demenagement
imprevu.
Elle est habillee en consequence. Son entari de soie rouge ä bandes de fusees jau-
nes, etroitement serre a la taille par une ceinture de chale de soie et coton, lui donne
une certaine ressemblance exterieure avec la guepe, dont sa race possede les instincts
depredateurs. Un court mintan de drap, brode d’or aux manches et au corsage, s’ap-
plique sur le haut du corps, de maniere a ne pas en gener les mouvements. Elle est
Chaussee de solides bottes hautes et larges, en maroquin rouge, dans lesquelles eile
peut faire entrer, avec son chalwar, le bas de la jupe de son entari, pour faciliter sa
marche. Sa coiffiire, un peu tapageuse, se compose d’un fez evase par le haut, d’oü
pend sur l’epaule un Iongpuskul. II est entoure de plusieurs mouchoirs yemeni peints
de fleurs eclatantes, et les cheveux s’en echappent en boucles naturelles, car le temps
manquerait souvent pour les appreter.