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meilleurs bergers de l'antiquite, cette province etait renommee par la fertilite de son
sol et la richesse de ses produits agricoles. Encore aujourd’hui, c’est une des contrees
les plus heureuses de l’Asie Mineure. Dans ce pays coupe de montagnes et de plaines,
les troupeaux trouvent une abondante nourriture, rendue appetissante par le sei,
produit d’un grand lac situe au sud du vilayet d’Angora. Un climat sain et tem
pere, oü l’hiver est assez froid pour retremper les forces que les chaleurs de Tete ont
abattues, entretient la vigueur des habitants et fait prosperer l’eleve de leurs nom-
breux bestiaux.
Aussi l’usage des preparations diverses du lait s’est-il perpetue dans la province
d Angora. Les Turcomans et les autres nomades, principalement, en font la base de
leur nourriture, composee surtout de yoghourt, ou lait a demi caille par des proce-
des particuliers. Dans toute la Turquie, on fabrique le yoghourt et le kdimak, sorte
de creme obtenue en faisant bouillir le lait; mais nulle part ces produits, tres recher-
ches des Ottomans, ne sont aussi savoureux qu’en Galatie.
La plupart des moutons du vilayet d’Angora sont de la race dite karamanli, ä
queue large et epaisse, masse de graisse d’un poids enorme. Leur laine, tres touffue,
est chez quelques uns soyeuse et brillante, comme celle de ces chevres renommees
dont l’espece semble particuliere a cette contree, car jusqu’auj ourd’hui, malgre de
nombreux et patients essais, on n’est pas encore parvenu a les acclimater definitive-
ment dans d’autres pays.
On fait de ces peaux, soit simplement lavees, soit teintes, dans le pays meme,
de couleurs solides et eclatantes, d’elegants et moelleux tapis de pieds pour descente de
lit, des couvertures de selles chaudes et commodes. La laine des toisons sert a fabri-
quer de magnifiques etoffes, ainsi que le poil brillant des chevres d’Angora, auquel
on le mele souvent pour cet usage; les tissus obtenus ä l’aide d’un pareil melange
reunissent au brillant et ä la finesse des etoffes de poil de chevre, l’epaisseur et la
souplesse du drap.
En outre des races ovines, qui offrent en Galatie d’admirables produits, on trouve
dans le pays des Trocmiens, Tune des trois tribus gauloises qui ont donne leur nom
a 1 ancienne province, de beaux echantillons des races chevalines indigenes, on les
appelle chevaux kurdes. Ils descendent des anciennes races inedes et assyriennes.
Leur pied est aussi sur, dans les chemins etroits et rocheux, que celui des mulets;
ils sont infatigables a la course. On a l’habitude, ä Yuzgat, oü Ton en eleve beaucoup,
de meler ä leur nourriture, comme on le fait aussi du reste pour tout le betail, une
quantite notable de sei lacustre. On en pose de gros blocs dans les ecuries, afin que
les chevaux puissent les lecher en mangeant leur orge.
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Kaisarie, l’antique Cesaree, situee au pied du mont Argee, possede la specialite
de l’eleve de mules tres recherchees pour leur vigueur, leur legerete et la beaute de
leurs formes. On les obtient par le croisement des änes de la Lycaonie et des ju-
ments du Kurdistan. Kaisairie est une des plus importantes places de l’Asie Mineure
pour le commerce des tapis et des cotons.