Le chalwar de coton bleu agremente de broderies en soie noire forme des plis
epais le long des jambes et s’arrete en s’arrondissant avec gräce sur des bas blancs
et des yemeni de maroquin rouge, a pointe tres legerement recourbee.
PLANCHE XIII.
Figure 1: femme kuede des envikons de yuzgat.
Si Ton doutait de 1’origine semi-persane, semi-chaldeenne, des hordes Kurdes, il
suffirait de considerer un instant le hotoz baroque de la femme de la tribu des Afchar
pour reconnaitre dans cette coiffure la tiare cylindrique des populations orientales de
l’antiquite. La singuliere alliance qu’on lui a fait contracter avec le voile des musul-
manes lui donne une tournure pittoresque des plus originales, et comme une vague et
lointaine ressemblance, dans sa partie inferieure, avec le pschent sacre des egyptiens.
Cet echafaudage extraordinaire est compose d’un grand nombre de pieces, se rat-
tacliant ä un fonds commun, qui consiste en un fez d’etoffe roide, et de forme extreme-
ment haute, sur lequel tout le reste vient se grouper. Des serviettes de coton blanc
enveloppent entierement le fez; elles sont recouvertes elles-memes, jusques aux
trois quarts de la hauteur de l’edifice principal, de plusieurs mouchoirs yemeni croi-
sant leurs feuillages peints sur une echarpe de soie ä raies rouges et jarmes. D’au-
tres serviettes de coton blanc pelueheux, a franges et pompons places en bordures,
sont cousus par leur bord superieur au bonnet, qui les depasse du tiers environ de
toute la hauteur de l’ensemble; de la, elles retombent avec ampleur sur les epau-
les ; au besoin, on peut ramener ces serviettes sur le visage pour le cacher aux yeux
indiscrets des profanes d’un autre sexe.
Comme accompagnement naturel, et decoration en quelque sorte obligee de ce mo-
nument grandiose, d’enormes boucles d’oreille, cercles d’argent autour desquels sont
disposees, a la faqon d’un trousseau de clefs, des chamettes qui supportent des pieces
de monnaie, trainent avec bruit sur les deux epaules. D’autres chainettes, plus grosses,
sont'fixees par des epingles ä tetes epanouies en etoiles sur les deux cotes de la poi-
trine, ou elles s’arrondissent en demi-cercles au dessous du cou ; une epaisse plaque
d’argent repousse etale ses fastueux soleils, entremeles de quelques lunes, sur la nein-