— 190 —
sous les Comnenes, apres avoir successivcment appartenue aux princes de la dy-
nastie des Danisckmend, puis aux Sultans Turcs Seldjoukides, Amasia fut prise par les
Ottomans sous Sultan Murad I. Sultan Sellin I naquit a Amasia, qu’il dota de plu-
sieurs ecoles superieures, d’ou sont sortis des savants distingues.
Tout le transit entre la Perse et la Mer Noire se fait aujourd’hui par Amasia. Ba-
tie dans une etroite vallee, cette ville est entouree de jardins immenses, au milieu des-
«piels ses habitants vont chaque annee passer toute la belle saison. Elle est abondamment
approvisionnee par les eaux du Ferhad Dagh, qui descendent de cette montagne en se
divisant en plusieurs canaux, et par celles du Yecliil Irmak, qui coule ä ses pieds.
Zileh, pres de laquelle Cesar battit Pharnace et ecrivit sonfameux veni, vidi, vici;
Gumenek, situee non loin de Tokat, sont les anciennes villes de Zila et de Comana,
ou se retrouvent encore les ruines des grands sanctuaires d’Ana'itis, divinite qui peut
etre assimilee a Diane Artemis ou au dieu Men ou Lunus, et dont le culte attirait un
immense concours d’adorateurs dans le royaume de Pont. Suivant la legende grecque,
le nom de Comana est un Souvenir du sejour d’Oreste, qui avait consacre sur l’autel de
Diane Taurique sa chevelure (coma).
On a longtemps cru que Tokat etait cette meine ville de Comana Pontica, dont
les ruines se reconnaissent a Gumenek. La fondation de Tokat ne rcmonte pas au
dela du moyen äge; eile a ete batie par les chretiens qui abandonnaient la ville de
Comana, ne voulant pas rester dans un lieu souille par les ceremonies licencieuses d’un
culte qui leur etait particulierement odieux. On sait, en effet, que les filles des prcmie-
res familles se prostituaient aux etrangers en l’honneur d’Anaitis, qui presidait a la
fecondation de la nature.
Tokat est un des principaux entrepöts des marchandises de l’interieur; on y fait
un grand commerce de soieries ainsi que des toiles peintes qui viennent de Basra par
caravanes. Le cuivre des mines de Keban Ma’aden est transporte a Tokat pour y etre
raffine. 11 donne lieu ä une importante fabrication locale d’ustensiles tels que chau-
drons, mang.al (braseros), vases pour la cuisine et vaisselle de voyage, exportes a Cons-
tantinople.
Les abricots, les peches et surtout les poires de Tokat sont tres renommes. Dans
toute la vallee de Yechil Irmak, l’abondance des eaux entretient une admirable ferti-
lite. Les vignobles qui environnent Tokat produisent des raisins excellents; mais on
n’en fait que des vins tres mediocres, car les habitants du pays, par ignorance, n’em-
ploient que de mauvais procedes de fabrication.
Karahissar Charki possede des manufactures de laine; les opiums recoltes dans
ses environs sont recherches; moins toutefois que ceux d’Afioun Kara Hissar, ville
du Houdavendigliiar avec laquelle il ne faut pas la confondre.
On remarque ä Osmandjik un pont monumental, qui passe a bon droit pour un
des ckefs d’oeuvre de l’architecture ottomane.