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L’ordre des derviches mevlevi a ete fonde par Djelaleddin Roumi, disciple lui-
meme du Cheikh Chehabeddin Suhrverdi, qui avait institue une Corporation dite
Nourbakchie (qui donne lalumiere). Sa maison centrale est ä Koniah, siege de son
premier etablissement, oü se voit encore lc tombeau du fondateur et de sa famille, A
ce propos il serait sans doute oiseux de faire remarquer que les religieux musulmans
sont maries, car cbacun sait que le dogme islamique proscrit le celibat comme un
etat contre-nature. D’ordinaire, c’est Tun des ffls du cheikli (superieur) qui succede
ä son pere dansle gouvernement du tekke (couvent). Cette dignite est du reste soumise
a l’election, pour peur que le moindre desaccord s’oppose 4 une succession semblable.
A la prise de Boula'ir, un derviche mevlevi donna son bonnet a Suleiman fils de
ßaizid Ilderim comme un gage de la victoire, et ce bonnet devint, jusqu’ä Mohammed
II la coiffure des Sultans ottomans. Un grand nombre de fonctionnaires turcs ont ete,
detouttemps, et sont encore aujourd’hui affilies äcet ordre.
Les pratiques religieuses des mevlevi se font en public ; non seulement il est permis
aux non-musulmans, aux etrangers d’y assister; mais encore c’est avec plaisir qu’on
les reqoit, et on leur choisit des places commodes pour qu’ils puissent tout voir et tout
entendre 4 leur aise. Une ceremonie qui semble bizarre 4 ceux qui ne sont pas inities 4 sa
haute signification, est ce tournoiement du derviche sur soi-meme autour de la saUe
de priere irna-c de 14me eprise du bien eheste, de l’etemelle beante, emportee dans
le tourbiüon d°e l’amour divin. Pour s’y pmparer, les derviches mevlevi croisent leurs
bras sur leurs poitrines, et,la tete amoureusement penchee sur l’epaule droite, ils elevent
leur coeur 4 Dieu, tandis que la fffite sacree pr41ude au rhythme pieux qui va bientöt les
ploimer dans l’extase. Le moment arrive, ils quittent leur feradje (manteau) et leurs
yembii rouges (chaussures), restent vetus du hdidirie (veste) et du tennoure (jupe)
coiffes du sikke-i-serif (samt bonnet) qu’ils ne quittent jamais; ils viennent tour-4-tour
s’incliner respectueusement devant le Cheikh qui leur donne sa bencdiction; puis les bras
etendus en croix,pieds nus, sur la nattefine qui couvre lesol, ils commencent 4 pivotcr
d’abord lentement, puis plus vite, encore et toujours plus vite, au für et 4 mesure que le
rhythme de la Hüte devient plus rapide et plus pressant. Le mouvement des spheres celestes
leur devient sensible et les entraine dans sa course effrenee, la lourde jupe trace autour
de leur corps un cercle horizontal, tandis que leurs levres emues murmurent doucement
le refrain passionne de l’hymne: il riy a qu un Dieu, c’est Dieu! Quand donc mes yeux
verront—ils le bien-aime f
Figure 2 ; derviche bektachi.
Moins ancien que V ordre des mevlevi, qui fut fonde sous le regne du Sultan Seld-
joukide Alaeddin le Grand, l’ordre des bektachi date seulement du regne de Sultan