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lement. renoncer aux anciennes pratiques pour en adopter de nouvelles, de nature a
compromettre l’entente cordiale qui a constamment regne entre lui et le gibier de ses
carnpagnes. Pour les autres, il fabrique tout ce qu’on veut, des revolvers, des chas-
sepots, des canons Krupp ; il perfectionne meine ces inventions modernes et en fait
de nonvelles de son propre crü; mais pour son usage partieulier, il tient absolument
a conserver cette arme si riche, si elegante, si coquette et si innocente qu’il tient dans
sa main droite avec une fiertc toute paternelle, tandis que la gauche s’appuye sur le
pommeau d’argent d’un pistolet egalement a pierre, ornement de son silahlik de ma-
roquin rouge, ä peine visible sous les broderies d’or qui le rehaussent de leur eelat,
superpose aux vives couleurs dune ceinture tunisienne en soie rayee de jaune et
de rouge.
Le tchaplen, le chalwar et les guetres, confectionnes en drap bleu fonce recou-
vert de broderies de soie noire, sont autant de chefs-d’oeuvre ou le bon goüt et l’origi-
nalite de la coupe, le disputent a la delicatesse et au fini precieux des details d’orne-
mentation. Le tchepken surtout se fait remarquer par une richesse sobre et une ele-
gance toutes particulieres. En outre des brodeiies de soie noire qui le mettent en
parfaite harmonie avec les autres pieces principales du costume, l’ouvrier, afin que
l’oeil ne passe pas trop brusquement, des ors etincelants qui chargent la ceinture et
les armes, aux tons mats du drap bleu fonce et de la soie noire, a menage la transition
au moyen de larges galons en passementerie d’or, qui servent de bordure aux manches
ouvertes a partir des epaules. Des boutons egalement en passementerie d’or, et en
forme de grelots, peuvent au besoin fermer ces manches. Par devant, enfin, de chaque
eöte de la poitrine, s epanouit une rosace en broderie d’or du plus beau travail, d’oix
peud une gracieuse aiguillette en passementerie, formant accompagnement a la longue
tresse de pareil travail, passee autourdu cou et retombant sur la ceinture, oüelle main-
tient les pistolets. Un mintan en soie de couleur claire plaque au rnilieu de cat accord
sa note aigüe, qui permet au regard de montersans secousse jusqu’au saryk blanc roule
autour du fez.
Des bottines en maroquin jaune, ä bouts carres, terminent le bas du costume*
Figure 2: paysanne musulmane des enyieons de trebizonde.
Ce sont tout dabord les bijoux, dans le costume de la paysanne musulmane des
environs de Trebizonde, qui attirent l’attention par leur etrangete autant que par leur
composition savante et artistique et le fini de leur execution.
Tie tepelik couvre le fez tout entier, et reduit ainsi la piece fondamentale de la