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Le costume du Laze consiste principalement en un yelek en aha blanc brode de
laine bleue et rouge, ferme sur la poitrine au moyen d’un rang de boutons en forme
de grelot; et en un mintan et un chalwar en aha marron ou bleu fonce, ornes sur
toutes les coutures de liseres blancs ou rouges. Ce dernier vetement n’a absolument
rien d’oriental que le nom; rien de local que l’etoffe dans laquelle il est taille; il peut-
etre assimile completement, quant a la coupe, au pantalon ordinaire.
Ce qui rend le costume du Laze particulierement original, c’est d’abord ce bachlik
dont la coupe gracieuse a ete appliquee, sans qu’elle ait eu a subir aucune modifica-
tion, aux elegantes sorties de lal qui, des dames russes de Petersbourg et des dames
grecques de Constantinople, ont fini par passer aux dames de Vienne et de Paris, qui
les ont definitivement adoptees.
Pour le Laze, le bachlik n’est pas un ornement, c’est un parapluie. Sans la moin-
dre intention de coquetterie, il en couvre sa tete des que le vent ffaichit, qu’un orage
s’annonce, et que le leger mandil roule autour de son fez ne lui suffit plus.
Les manches de la veste sont un peu plus qu’originales; on a certes le droit de
troiiver bizarres ces deux alles qui s’arrondissent a partir de chaque epaule jusqu’a la
saignee et qui restent toujours ouvertes, on ne sait pourquoi, tandis que le bas des
manches est toujours ferme.
En revanche, les tcharyk unissent a un caractere pittoresque tres prononce, des
qualites utiles qui les recommandent aux amateurs de chaussures commodes et solides.
Comme complement necessaire de son costume, le Laze porte en guise de cein-
ture un silahlik avec tous ses accessoires : une cartouchiere bien garnie, une giberne,
une poire a poudre, une bourse ä pierres ä fusil, une bourse ä tabac, une bourse a
argent, un long couteau yataghan a manche d’os garni de cuivre, a pommeau ’ taille
en croissant, a fourreau de bois revetu de parchemin teint en vert. Il y ajoute une
paire de pincettes (macha), un soutassy (tasse a boire l’eau) et un fusil fabrique ä Tre-
bizonde, suivant la mode du Vilayet.