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lcasdki du laboureur des environs d’Erzeroum est borde au collet d’un galon de laine
rouge fagonne, et toutes les coutures en sont enjolivees par l’application d J un passe-
poil blanc qui les consolide. Les manches sont etroites et entierement ferm4es, com-
me celles d’un paletot. Des poches, placees de chaque cöte de la poitrine, sont dessi-
nees en ecusson par des passe-poils, et peuvent se fermer, comme les pans du kasaki,
au-moyen d’aiguillettes le plus souvent denouees et pendantes. Le kasaki est un ve-
tement tres court, qui s’arrete beaucoup au dessus des hanches, en embrassant etroi-
tement une volumineuse ceinture, formee d’une bande excessivement longue d’un tissu
de laine blanche tres epais et pelucheux, de ce travail particulier aux serviettes de co-
ton de Brousse et aux ihram de laine rouge qui servent generalement a tapisser l’in-
terieur des cdik et des araba.
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Un chahvar de gros drap noir, aux coutures dessinees par un passe-poil rouge,
tombe en plis profonds et roides, larges sur les hanches, et qui vont toujours en
s’amincissant, comme un pantalon a la cosaque, jusques sur les pieds chausses de bas
de laine drapes, d’un gris cendre, par dessus lesquels se nouent a la fagon des bande-
lettes du eothurne antique, les lanieres blanches des tcharyk de peaux de mouton,
que les ciseaux n’ont pas entierement depouillees de leur laine.
Figure 2: musulmane de yan.
Chez eile, la musulmane de Van est habillee comme l’Armenienne dont le cos-
tume sera decrit plus bas. II faut en excepter, pourtant, le djiibbe qui d’ailleurs ne se
porte en general qu’au dehors, sauf pendant rhiver.
Ce qui caracterise specialement le costume de la musulmane de Yan, c’est le
tcharchaf ou drap de lit dans lequel eile s’enveloppe pour sortir, ne laissant paraitre
que ses yeux : encore les cacherait eile si eile n’en avait absolument besoin pour
se conduire. II est vrai qu’elle pourrait se dispenser de ce soin en portant un voile,
soit de mousseline claire comme a Constantinople, soit en canevas de crin ou simple-
ment forme d’un mouchoir de gaze peinte, suivant l’usage de certaines provinces asia-
tiques et africaines ; mais a Van on prefere economiser cet accessoire, et prendre la
peine de garantir son visage des regards profanes en tenant avec les deux mains le
tcharchaf etroitement croise sur la racine du nez.
Le tcharchaf, qui sert egalement comme son nom l’indique de couverture de lit
ou de sofa, est l’objet d’une grande fabrication, entretenue tant par la consomma-
tion locale que par l’exportation dans les vilayets voisins et ä Constantinople, oü ses
qualites de solidite, d’eclat et de bon marche relatif le font serieusement apprecier.