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Lg chef lieu du vilayet est la ville de Diarbekir. On eompte parmi ses autres
villes prineipales Malatia; Mardin; Sart ou Sa’rit; Suverek ; Argana Ma’aden;
Nesbin; Djizreh; Palou; Hazrou; Eghin; Arabkir et Kharpout.
Diarbekir est aussi nommee de nos jours Amid et Kara Amid; suivant Fopinion
generale, c est 1 ancienne Ami da. Pourtant, on confond souvent cette ville avec la
Tigranocerta des Grecs et des Romains, Dikranagherd des Armeniens, qui etait situee
a une distance d’environ quatre Cents stades d’Amida, du cöte de Test. Le R.P. Alichan
Metikariste de Yenise, Tun des plus savants armenistes connus, sans vouloir sepronon-
cer, eite premierement Mar-Abas Kattina, historien Syrien du II me siede avant J. G,
et suivant lequel Dikran (Tigrane) I, 570 ans avant Jesus-Crist, ayant tue le roi mede
Ajtahagh, son beau-fiere, et conquis son royaume, donna pour residence a sa soeur
Dikranouhi, \euve d Ajtahagh, la ville de Dikranagherd qu’il avait fondee, et lui al-
loua les revenus de la province. II ajoute que, au dire de Strabon, Dikran II fonda,
90 ans avant Jesus-Christ, une ville qu’il nomma aussi Dikranagherd (Tigranocerta)
et qu il peupla en y transportant les habitants de douze villes grecques qu’il avait
detruites. Chacune de ees deux villes passe pour etre la veritable et unique Dikra
nagherd, aujourd hui Diarbekir, Amid et Kara Amid, ancienne Amida. Quoiqu’il en
soit, cette ville est situee sur les rives du Tigre, qu’on peut y passer a gue excepte lors
des crues extraordinaires, occasionnees par la fonte des neiges ou par des pluies con-
siderables. Une double enceinte de murailles tres elevees et flanquees de 72 tours l’en-
vironne; on en attribue la construction aux Romains. Elle est dominee par une
citadelle. Plusieure edifices remarquables l’embellissent; on eite particulierement l’an-
cienne eglisede St. Jean, transformee depuis en un magnifique djami, le palais du gou-
vemement et la cathedrale armenienne. Ses manufactures de maroquins, d’etoffes de
coton, de soieries et de toiles peintes sont renommees dans toute l’Asie \ ainsi que les
irmts de ses jardins. On y recolte des melons et des pasteques enormes, d’un excellent
gout. Ses campagnes sont d’une fertilite remarquable; leur production en cereales est
tres importante. La plupart des habitants sont chretiens, du rite armenien.
Malatia, 1 ancienne Melitene, fondee au dire de Pline par Semiramis, a ete jadis
la capitale de la petite Armenie, ou passait, dans le moyen-age, la route commerciale
de 1 Europe aux Indes. Bien que les empereurs byzantins l’aient ornee autrefois avec
une predilection toute particuliere, et que les princes Armeniens y aient longtemps
fixe leur residence, il n’y reste aujourd’hui aucun vestige de constructions byzantines
ni aucun monument des dynasties armeniennes. La destruction des monuments by
zantins date de l’epoque ou l’empereur Constantin Copronyme la reprit aux Arabes.
qui l’avaient conquise sous le regne du calife A’aroun el Rachid. Elle fut alors de-
mantelee, et tous ses habitants grecs et armeniens envoyes a Constantinople pour re-
peupler la capitale de lEmpire. Conquise de nouveau par Abdul Rahman, neveu du
calife El Mansour, eile retouma encore aux Byzantins, jusqu a ce qu’elle tut incorporee
dans l’empire turc des Seldjoukides de Roum. Plus tard, Sultan Baizid Ilderim s’en
empara; mais eile n’appartint definitivement a FEmpire Ottoman que sous le reeme
de Sultan Selim I.
Le Tokma sou, affluent de FEuphrate, le Sultan sou et un grand nombre de sources