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tures en chale de laine, soie et coton, a raies rouges, jaunes et Manches, formant par
leur croisement une suite de losanges.
Mais la chaussure du musulman, quoique composee de mest ou bottines larges et
molles et de paboudj ä pointes relevees, conformes en touts points aux mtst et paboudj
du chretien, s’en fait distinguer quelquefois par la couleur, qui pour le chretien n’est
jamais que rouge ou noire, tandis que le musulman choisit volontiere le jaune.
Ainsi qu’on l’a dit en commenqant, la partie du costume oü la distinction entre
le musulman et le chretien peut etre remarquee le plus facilement est la coiffure. Le
saryk du musulman n’est jamais d’une couleur autre que la blanche ou la verte ; il
est roule en plis correctement reguliere, de maniere a cacher entierement le fez, dont
on ne peut voir que le puskul de soie bleue, bien fourni, tombant par derriere jusqu’au
bas du cou. Le musulman, de plus, a la tete rasee; ou tout au moins ses cheveux
sont coupes tres-courts. Sa barbe entiere, bien entretenue, est taillee nettement eom-
me le gazon d’un jardin, ä Fexception de la moustache, que les ciseaux du barbier
doivent soigneusement respecter.
Moins regulierement roule autour du fez que celui du musuman, le saryk du
chretien de Diarbekir est de la couleur qui lui plait le mieux ; le plus souvent c’est
la rouge ; mais jamais ce n’est la blanche ni la verte. On peut voir qa et la se mon-
trer le feutre rouge du fez, entre les inegalites du saryk, si negligemment agence qu’il
n’a presque plus rien de commun a^ec ce qu’on est convenu d’appeller en franqais
un turban.
Le Chretien de Diarbekir porte ses cheveux un peu longs; il a presque tou-
jours le visage rase, moins la moustache, pour laquelle il n’a pas moins de respect
que tous les autres Orientaux.
Figure 3 : kurde de palou.
C'omme celui de tous les Kurdes en general, le costume des Kurdes de Palou a
quelque chose de quasi-militaire, qui les fait ressembler ä des soldats irreguliers. En
effet, les beys Kurdes fournissent en cas de guerre un certain contingent auxiliaire,
qui n’est pas inutile aux armees Ottomanes, oü Fon sait en tirer parti. Mais, en temps
de paix, le Kurde, toujours arme et organise en bandes, n’a cependant plus rien du
soldat, car au lieu de proteger les populations paisibles et de veiller au maintien du
bon ordre, il est un perpetuel sujet d’effroi pour les habitants des campagnes, qu’il
met incessamment a contribution.