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poses eux-memes chacun de trois petits triangles places de meine et dont le
eentre vide represente un quatrieme triangle renverse,la base en haut. Une etoile rem
ple le petit triangle central, dans chaque grand triangle blanc, et le grand triangle
rouge ainsi trace au milieu du tablier est occupe par une croix de cinq etoiles sem-
blables. Le reste du champ est parseme de deux grands soleils et d’un certain nombre
d’etoiles, le tout encadre d’une double bordure droite le long des quatre faces du ta
blier comme une allee quadrangulaire de petits soleils blancs.
Un hyrka ou veste de soie piquee et gaufree, de meme fabrication que la robe
decrite sub X 3 de la planche precedente, vient heureusement rompre, par son ton
uni et calme, l’effet trop turbulent de cette toilette, qui produit sur les yeux une im-
]>ression analogue a celle que l’oreille reeevrait d’une fanfare executee ä l’unisson par
des centaines d’instruments de cuivre.
Mais a peine les yeux se sont-ils reposes un instant que *le baroque reparait; le
tapage recommence. Une sorte de barette de feutre roide couvre la tete de la femme
Kurde; eile est maintenue par deux mouchoirs yemeni roules en un bandeau circu-
laire. Dans ce bandeau sont piquees, par devant et sur les cotes, quatre epingles d’or
auxquelles sont attachees deux chamettes de meine metal, et tout le long de ces
(hainettes pendent en se croisant sur le front, le nez et les joues, par le plus singulier
eaprice, deux rangs serres de sequins.
De dessous cette parure dun gout douteux, s’echappent et tombent jusqu’a terre,
a la fac;on d’un voile de mariee ou d’un manteau royal, les longs plis trainants d’une
ample piece de coton du meme rouge de couleur de sang de boeuf que le tablier eite
plus haut, et decoree comme lui de dessins blancs. Ici, ce ne sont plus des pois qui
forment les figures, ce sont des lignes pour la plupart droites; mais les plus curieuses
series d hieroglyphes mexicains qu’on pourrait imaginer ne donneraient qu’une faible
idee de 1 aspect fantasmagorique qu’offrent tous ces peignes adosses, ces longues ran-
gees de dents de crocodiles, de fers de lances, de carres, de losanges, d’oiseaux a la tete,
aux pieds, a la queue, sortant d’une coquille d’escargot, de palmes indiennes et de
renoncules etonnees de se trouver en pareille societe, tout cela s’enchevetrant pele-mele,
dans un desordre chaotique.
La femme Kurde de Palou est chaussee de botte» fortes en maroquin rouge.