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PLANCHE XXIII.
Figiire 1: beegee des envieons de diaebekir.
A en juger du moins par son costume, le berger des environs de Diarbekir est
im de ces Galates, descendants des anciens Gaulois, dont les derniers princes ont
regne sur le Pont, avant qu’il fut reduit completement a l’etat de province romaine.
Comme le berger de la Galatie, qu’on a vu plus haut dans la description des
costumes du vilayet d’Angora, il est vetu du kepenek. Soit que le climat soit moins
froid, soit plutot ä cause du voisinage inquietant des Kurdes, au Heu d’etre comple
tement abrite sous ce vetement qui, au dire du proverbe turc, est l’equivalent
d’une maison, il en a couvert seulement sa tete et ses epaules. De la sorte, il a
les bras plus libres, et peut faire usage aussi bien, suivant l’occasion qui se pre
sente, de sa hache, de son kilidj, de son hantcher, de ses deux pistolets que de son
kaval (tel est le nom de la flute qui sert a charmer ses loisirs.)
Ainsi qu’on le voit, le berger de Diarbekir, bien qu’ils semblent clevoir rester
etrangers ä sa profession champetre, est tenu par sa Situation geographique de culti-
ver les arts de la guerre ä l’egal des arts de la paix, vers lesquels un doux pen-
chant porte les pasteurs de tous pays, generalement virtuoses. On n’en veut pour
temoins que la musette de l’auvergnat, la cornemuse du breton et de l’ecossais, le
flau’eolet du provencal, la ghaida du bulgare et le kavcd du mesopotamien, qu il soit
d’origine chaldeenne, babylonienne, persane, armenienne ou galate, grave question
qu’on laisse ä decider a de plus savants.
Tout musicien qu’il soit par nature, il faut donc que le berger du Diarbekir ait
constamment l’ceil au guet; qu’il interrompe au besohl ses fioritures au beau milieu du
trait le mieux reussi, pour fouiller dans son silahlik, qui n’est pas pour lui un vain
ornement, et jouer du sabre ou du pistolet.
Aussi son regard est scrutateur. L’air de son visage est d’un vieux soldat. Son
epaisse moustache sent la poudre. Sa tournure est ferme, vigoureuse et leste ; rien de
flottant, de trainant dans son costume ne vient entraver ses mouvements. Son entari
court, en aba noir raye de gris sur les eötes, rentre sous le cuir rouge agremente de
losano-es et de soleils d’or du silahlik. Son chalwar de laine grise, plutot etroit que
large, est serre a la taille par la laniere du ficheklik brode de croissants lunaires et