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seine d’etöiles, qui contient sa provision de cartouches; de plus, il est solidement
maintenu sur le gras de la jambe, oü il se termine en se retrecissant, au moyen des
tresses de laine qui servent a fixer ä ses pieds ses- tcharyk, en s’entrecroisant sur les
tozlouk barioles, ainsi nommes parce qu’ils lui tiennent lieu de guetres; mais qui sont
en realite des bas en tapisserie.
Figure 2: kurde de djizre.
Contrairement a 1 usage des tribus de sa race,le Kurde de Djizre ne porte pas d’ar-
mes. La cause de cette rare anonialie, qu'on va voir encore une fois se reproduire un
peu plus bin, est sans doute qu’en cette localite le Kurde est chez lui, non plus sous
la tente, entoure d etrangers taillables a merci; mais dans une ville, au milieu des
siens, sous l’autorite d’un clief hereditaire assez riche pour se passer de l’appoint hy-
pothetique d’un pillage qu’il faudrait aller exercer trop bin.
Devenu ä peu pres sedentaire et paisible, le Kurde de Djizre s’occupe presque
exclusivement de l’eleve des bestiaux et surtout du dressage des chevaux.
Au nombre des bestiaux les plus utiles de cette partie de l’Asie est le chameau.
8es pods, meles a ceux de la chevre, dont les Kurdes nourrissent de nombreux trou-
peaux, et a la laine de leurs moutons, sont les materiaux ordinaires de ces epaisses
etoffes noires, brunes et grises avec lesquelles sont construites les tentes des nomades.
On en fait aussi des sacs solides et a bon marche. Ces aha a larges bandes brunes et
grises alternees, qui servent ä confectionner des machiah ou des vestes semblables a
celle du Kurde de Djizre ici represente, sont fabriquees egalement avec les memes
matieres textiles.
L ,Q ba court que Ton voit ici est feutre par devant; il a de chaque cöte de la
poitrine une sorte de patte en broderie de laine noire, qui va se reunir par une bande
de meme travail a la partie posterieure du vetement, recouverte, ainsi que les epaules,
d’un tissu en poils de chevre noirs, longs et lustres. De cet aha sortent les manches
larges, longues et entierement ouvertes, d’un entari court en soie a gros grain, a lar
ges raies, brunes et blanches, entre lesquelles courent d’autres raies noires, plus
minces. ’
Un chalwar d etoffe toute pareille a celle de Ventari est reuni a ce vetement par
une ceinture de soie tunisienne rouge et jaune; ce chalwar n’est autre chose qu’un
pantalon extremement large, prenant ä distance l’aspect d’une robe. Il est borde
par le bas d’une bande de broderie noire assez jolie.