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quelque tapis de laine bariolee, d’epais et moelleux tissu aux couleurs chatoyantes,
a quelqne sac a bandes noires et grises, en poils de chameau meles de laine de brebis ;
on bien eile prepare le repas de la famille, et fait bouillir le lait du troupeau dans
un vase en terre noircie, de forme antique.
Le soir, eile et ses compagnes partent, chacune tenant en equilibre sur la tete
et sur la paume des deux mains trois 'vases semblables, qu’eiles vont remplir de Com
pagnie, tout en jasant et faisant tinter les grelots de leurs bracelets, au puits de la
tribu, ä la riviere voisine, ou ä quelque source limpide, gresillant sur le cresson frais.
Pour ces excursions, la femme du Bedewi passe par dessus son long entari de
laine noire, trainant sur ses bottes de maroquin jaune, dont il ne laisse voir que les
pointes recourbees, un yachmak de soie transparente, tissu fin et crespele, teint en
noir et orne de longues houppes de cordonnet noir.
Une ceinture en argent nielle serre ce voile autour de la robe ; des chaines d’ar-
gent y rattachent leurs legers anneaux. C’est tout ce que Ton peut voir des bij oux
dont la femme du Bedewi aime ä se parer, car les manches flottantes de Yentari
et les plis ondoyants du yachmak cachent ses quatre bracelets, dont deux en argent
travaille ä jour, oü resonnent des garnitures de grelots, et deux en verre-file, d’un bleu
verdätre com me la turquoise. C’est ä peine si Ton peut decouvrir de temps ä autre
les bagues d’argent qui chargent et grossissent ses doigts menus. Un asaba noir,
voile plus epais que le yachmak, se roule autour de sa tete et de son cou, encadre
etroitement son visage, et ensevelit sous ses plis multiplies son gracieux collier d’ar
gent et ses boucles d’oreille ä pendeloques sonores.
Toutefois, une epingle fichee sur le haut de Yasaba fait pendre d’un cöte du
front com me une cocarde, des chainettes reunies en deux quadruples rangees, oü
se balancent des sequins. Trop souvent aussi le nez de la femme Bedewi est orne on
plutöt defigure au moyen de boucles passees dans la cloison mediane ou traversant
les narines.
Figure 3: dame juive d’halep.
Si, comme les Medes, les Perses et les Assyriens, les Hebreux avaient laisse des
monuments sculptes, des bas-reliefs, des statues figurant au naturel l’epoux et l’epouse
du Sir Hasirim, sans nul doute le costume de la dame juive d’Halep reproduirait celui
de la Sulamite du divin Cantique plus exactement encore que le costume du Kurde
des environs de Mardin ne reproduit celui des anciens habitants de la Mesopotamie.