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le Koran et l’Evangile, ees deux livres de paix, de fraternite, de toleranee, ont servi
si longteraps de pretexte aux croises accourus de tous les points de l’Occident et aux
Arabes fondateurs de I’Islam pour s’entregorger, jusqu’ä ce que la conquete Otto
mane soit venue contenir par la force des haines fanatiques qui, parfois, voudraient
encore se reveiller.
Tous ees peuples divers ont laisse de leur passage des traces que le temps n’a
pas entierement effacees; mais dont presque partout il a fait des ruines. Sur l’em-
placement des cites antiques les plus celebres, on trouve aujourd lmi des bourgades, et
c est seulement pour memoire qu’il faut citer, parmi les villes principales du vilayet
de Sourie, les noms retentissants de Tyr, Sidon, Byblos, Aradus, Laodicee. D’autres,
moins heureuses encore, telles que Palmyre et Baalbek, n’ombragent plus sous leurs
vastes portiques et leurs immenses cclonnades, que les tentes noires des Bedewi.
Actuellement, au nombre des villes reellement importantes du vilayet de Surie
on ne peut gueres compter que son chef-lieu: Damas, puis Beyrouth, Tripoli, Akka et
Jerusalem. On ne doit pourtant pas oublier de mentionner a divers titres dignes
d’attention, Hama, Famieh, Horns, Tarsous, Batroun, Kaisarie, Gazze, Säfed, Tabarie,
Naplous, Nazire, Bethleem, El Khalil, Bosra, Ecli Salt, Kala’at, Belka, Zahltet
Dar el Kamar.
Damas, ou Cham, nom que les Arabes lui donnent ainsi qu’ä la Syrie elle-meme,
est admirablement situee au fond d une vallee spacieuse arrosee par le Baradi, riviere
que les Grecs nommaient Chrysorrheos. Elle prend sa source dans le monf Liban, fer-
tilise cette plaine, et s y partage en plusieurs bras dont le plus considerable traverse
la ville, entouree de delicieux jardins oü de nombreux canaux distribuent les eaux.
La vallee de Damas n a pas moins de 40 kilometres de circuit, et tout ce grand es-
pace n’est qu’une suite agreablement diversiiiee de prairies emaillees de fleurs, de riants
vergers ou tous les fruits des jardins de l’Occident se melent ä de pittoresques bou-
quets de palmiers aux dattes savoureuses, de campagnes cultivees avec art, de jolis
villages, de monasteres spacieux et de maisons de plaisance.
On exploite aux environs de Damas une carriere de Balghami, pierre a demi-
transparente, d’un blanc laiteux, tirant quelquefois sur le jaune ou prenant les tons
verdatres du jade. C’est une sorte de chaux fluatee dont on fait des encriers a la
mode turque, des Services pour le eafe et autres ouvrages curieux. Des carrieres sem-
blables se trouvent aussi dans le vilayet de Koniah aux environs de Nemchehr.
Damas est ceinte de murs creneles bätis en pierres jaunes et noires alternees
de mille fa^ons; ainsi que le disent les poetes orientaux ces remparts semblent
une ceinture de velours parsemee de topazes. La principale mosquee, ancienne eglise
chretienne dediee ä St. Jean Baptiste, se fait remarquer par un magnifique por-
tique double, dont les deux rangees de colonnes sont en marbre de Syene et en
granit. C’est lä que, suivant la croyance populaire, Jesus-Christ tiendra son tri-
qunal au jour du jugement dernier. On sait que Damas fut une des premieres
villes oü les Apötres precherent l’Evangile; on y montre la prison de St. Paul,