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PLANCHE XXVII.
Figure 1: habitant chretien de beyrouth (costume d’ete).
Une excessive chaleur regne ä Beyrouth pendant la plus grande partie de
I’annee; eile rend indispensable pour ses habitants des costuines legers et de Cou
leurs elaires; on sait en effet que ces couleurs, et le blanc en particulier, repoussent
les rayons caloriques, tandis que le noir et les couleurs sombres les absorbent. II en
resulte qu’au soleil les vetements blaues et legers tiennent plus au frais celui qui les
porte. C’est le contraire qui a lieu a l’ombre. A l’ombre les vetements noirs donnent
facilement passage au calorique qui rayonne du corps ; mais les vetements blancs
le retiennent davantage et l’empechent de se repandre aussi vite. Ainsi, le blanc
tient plus frais au soleil et plus chaud ä l’ombre que le noir.
Instinctivement, chaque habitant des pays chauds, sans connaitre cette theorie,
la met pourtant en pratique tous les jours d’une fagon tres rationnelle, parfaitement
en rapport avec ses habitudes et ses besoins. C’est ce dont on se persuadera aise-
ment en comparant le costume du Bedewi du Mont Liban, qu’on verra plus loin,
oü celui de la femme Druse, avec ceux de l’habitant chretien et de la dame mu-
sulmane de Beyrouth.
Expose aux ardentes reverberations du soleil sur le port, dans les rues et les
places environnees de murs blancs, oü les affaires de son negoce le conduisent chaque
jour, l’habitant chretien de Beyrouth tadle dans le coutil gris clair des fabriques
y frangaises son court mintan et son vaste chalwar. Son yelek et sa ceinture, d'un
tissu tout local, nomme abani, sont egalement de couleurs elaires; l’etoffe en est
brochee et damassee de feuillages en soie d’un joli vert tendre, sur un fond de
coton blanc. Les bottines de 1’habitant chretien de Beyrouth, ouvrage des cordon-
nier grecs du lieu, sont de ce meme coutil gris venu de France, qu’il a choisi pour
les pieces principales de son habillement. Seid, son fez rouge a la mode smyrniote,
orne d’un long pusJcul de soie bleue, tranche vigoureusement en sombre sur cet en-
semble clair. Aussi prend-il soin les trois quarts du temps de le couvrir d’un mou-
ehoir blanc qu’il retire pour etancher sa sueur, avant d’entrer dans les magasins et
les comptoirs oü il va traiter de quelque importante transaction commerciale.
Bentre chez lui, le soir, dans son jardin oü le palmier s’elance du milicu des