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coton blanc, enfouis dans de vastes yemeni de maroquin rouge ou ses pieds jouent
a l’aise comme dans des pantoufles.
Figure 2: musulmane du liban.
Digne compagne du cultivateur musulman du Djebel-i-Lubnan (Mont Liban),
la femme musulmane se tient cachee dans sa maison, filant sa laine, elevant ses en-
fants et vaquant aux soins divers de son menage. Elle n’est pas, toutefois, absolu-
rnent dedaigneuse de toute parure; les habiles ouvriers de Yesnaf des bijoutiers de
Beyrouth lui fournissent des filigranes que, montee ä califourchon sur son ane blanc,
et soigneusement enveloppee dans son tcharchaf de soie damassee d’or, qui laisse ä
peme entrevoir ses yeux, eile va choisir elle-meme a la ville, quand son mari l’y
conduit a l’occasion d’un grand Bairam ou d’une vente extraordinaire de legumes.
Aussi brille-t-elle d’un doux eclat sous son fez rouge de forme droite, avec son
puskul de soie bleue floconneuse, roulant en cercle ses petites vagues crespelees au-
tour dun Icpelik dargent artistement travaille ä jour, plus fin que la plus fine den-
telle de Smyrne.
De son cou jusqu’au dessous de sa ceinture de soie cramoisie a longues franges,
pend une quadruple chaine dont chaque chainon est une gracieuse fleurette, une
mignonne marguerite d argent au coeur d’or, un lis en miniature, une rose lillipu-
tienne, avec leurs petales tout a jour, formant des dessins fantastiques. Quatre an-
neaux rattachent a cette chaine un grand triangle d’argent cisele, sur lequel s’e-
panouit en serpentant un jardin en filigrane d’or. Lelong des deuxfacesdu triangle,
suspendu la pointe en bas, s’agitent et resonnent des sequins d’or: C’est un talis-
man qui porte bonheur.
Aux deux poignets de la musulmane du Liban sont des bracelets en forme de
rubans tresses ä jour, en filigrane d’argent, avec boucles d'or. A ses oreilles trem-
blent, comme agites par un leger souffle, des liserons d’argent sortant d’une cu
pule d’or.
Deux ehemises en soie blanche cuite, dite beurundjuk, celle de dessous collant au
corps, celle de dessus large, cachent ä demi sous leurs plis transparents et crispes
en fines ondes, les bras et les seins, encadres par l’echancrure d’un entari de drap
vert ajuste sur le buste, ä jupe ouverte par devant et fendue de chaque cote a par-
tir du bas, c’est-ä-dire depuis le gras de la jambe jusqu’a mi-cuisses. La chemise de
dessus s’echappe des manches collantes de 1’entari, en forme de clochettes blanches.