— 268 -
des fontes de velours rouge couvertes de broderies d’or; une longue chaine d’argent
passee autour du cou les Supporte; eile se croise avec un baudrier fortement tresse
en fils d’or, d’argent et de soie, d’oü pend un tromblon qu’ils nomment carabina;
une solide chaine ä gros chainons massifs, en argent ineruste d’or, retient le pesant
pala, sabre large et recourbe a fourreau de velours rouge encadre d’argent cisele,
a garde de jade; tous les accessoires du kemer : bourse ä pierres ä fusils, cartou-
chiere, bourse a tabac, sont richement brodes en or; des macha, pincettes en ar
gent qui servent a prendre le charbon pour allumer la pipe, y sont fichees avec
ostentation.
Le costume proprement dit n’est pas moins eclatant et magnifique. Ample et
majestueux, il se developpe autour du corps en larges plis qui font valoir la haute
taille, la robuste tournure, l’air fier et hardi du montagnard Chretien de Zahle. Le
chalwar, le mintan et le tchepken sont en drap bleu soutache d’or. Le yelek de soie
rouge se montre sous le mintan. Un grand aba, manteau de feutre blanc fin et
souple comme un cachemire des Indes, est pose sur les epaules et traine jusqu’ä
terre, derriere les talons ferres des hautes bottes de maroquin rouge ä pointes
recourbees.
En guise de fez, un kulah de feutre blanc sert de coiffure au montagnard Chre
tien de Zahle. Pour se garantir du soleil il porte, par dessus ce kulah, un hefte de soie
a larges zönes rouges et jaunes, rayees d’or. Les longues franges de ce voile sont tres-
sees en cordelettes alternant suivant la couleur de chaque zöne et melangees de tresses
d’or. Elles sont terminees par des noeuds, des houppes et des glands d’or.
Pour maintenir le kefie, on serre autour du front, en plusieurs rangs superposes,
formant couronne, un akal, corde en poils de chameaux roux, avec des noeuds en
crins noirs enrichis de fils d’or.
Un costume semblable ne coüte pas moins de 4,700 piastres, soit 940 francs.
Figure 2: montagnard chretien de zgarta (liban.J
Celui-ci est beaucoup moins eher; mais c’est que le montagnard chretien de Zgarta
simple Chevalier, peut-etre ecuyer, n’est pas, comme celui de Zahle, de la race des an-
ciens beys du Liban. Aussi Yaba, manteau princier chez le montagnard de Zahle,
se reduit chez celui de Zgarta aux modestes proportions d’une cotte d’armes, ou pour
parier plus prosa'iquement d’un paletot ä mille raies bleues sur fond blanc. Ce par-
dessus ä manches courtes s’arrete au dessus des jointures des bras, probablement