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pour n’en pas gener les mouvements. II laisse en consequence passer les manches de
Yentari court, espece de veste en drap fin, passemente de soie noire et bleue, agrafe
sur la poitrine. Un kemer, ceinture de cuir rouge brode d’or, supporte une cartou-
chiere, une poire ä poudre, une bourse a tabac, un long couteau yataghan dans sa
gaine de maroquin vert, le tout raisonnablement agremente et enrichi d’or.
A l’imitation des anciens Chevaliers, le montagnard chretien de Zgarta est arme
du topouz, lourde masse d’armes herissee de pointes de fer; un cordon de soie rouge,
termine par une houppe est passe dans la manche afin de pouvoir tenir cette masse
attachee au poignet. Le montagnard de Zgarta, pour arme principale, a le fusil a
silex.
Pour vetir ses jambes, il dedaigne le chalwar et se contente du dort, simple
cale(jon de toile blanche. Dans sa maison, il porte des bas de coton blanc et des
yemeni; mais en grande tenue il chausse les bottes de maroquin rouge, car c’est
un cavalier.
Il est coiffe du fez rouge de forme droite et basse, ä long puskul bleu tombant
sur le cou, et entoure d’un mouchoir de soie jaune et rouge,
Ce costume, y compris le fusil et les bottes des grands jours, coüte 950 piastres
(190 francs.) Un ecuyer n’est pas un prince, repetons-le.
Figure 3: druse du liban.
Pas plus que le Maronite, le Druse n’a desarme; mais tandis que le premier
a volontiers recours aux progres de la Science militaire moderne, limites toutefois par
le fusil a silex, le second se borne aux armes blanches, comme les Chevaliers francs
dont il s’est pretendu et dont on l’a crü ou voulu croire le descendant, quoiqu’il ne soit
et n’ait jamais ete chretien.
On sait en effet que les Druses ou Durzi sont un reste des sectateurs du calife
Fathimite Hakem Biamr’allah. Leur nom vient, dit-on, du verbe darass, qui signifie
etudier, parce que lenr secte etudie des mysteres bases sur la renaissance dans l’hu-
manite, la transmigration des memes arnes dans de nouveaux corps, et les incarna-
tions successives d’un Dieu unique. Suivant cette doctrine, Dieu s’est montre pour la
derniere fois sous une figure humaine dans la personne de Hakem Biamr’allah. Ils
ont du reste une egale indifference ou plutöt un egal mepris pour toutes les reli-
gions, et ne manifestent leur propre croyance par aucune pratique exterieure ressem-