Figure 2: druse des environs de damas.
Plus elegant que le Druse du Liban, le Druse des environs de Damas n’est en-
nemi ni des vives couleurs, ni des broderies d’or, ni des damasquinures.— II est pa-
triote. En meine temps qu’elles lui servent pour la defense et surtout pour l’at-
taque, ses armes lui servent aussi de parure. II remplace le lourd pala, cimeterre ä
lame large et recourbee, par le Jcilidj, sabre tout aussi meurtrier, car sa lame plus
etroite et moins epaisse a la meme forme; mais il est moins pesant. Un ruban en
fort galon d argent suspend a son eou et laisse tomber sur la ceinture de soie pour-
pre, oü il se rattache, le koubourlou de velours cramoisi brode de rameaux fleuris, de
Croissants et d etoiles d’or, splendide ecrin de ses bijoux les plus precieux, ses pisto-
lets a pommeaux d’argent cisele, enrichis de coraux et de turquoises. Une cordeliere
de soie qui se croise sur la poitrine avec celle qui soutient le kilidj, Supporte un court
tromblon ä la gueule evasee, dans la fabrication duquel on ne sait qui s’est sur-
passe, de l’arquebusier ou de l’orfevre; la crosse et la batterie, d’argent massif curieu-
sement fouille au burin, sont des chefs-d’oeuvre; mais le canon d’acier rubanne n’est
pas moins parfait.
La coiffure du Druse des environs de Damas se compose de trois pieces: takle
ou petit bonnet de dessous en fil de coton travaille au crochet; fez de feutre rouge
garni de son epais puskul de soie bleue ; et volumineux saryk de mousseline blanche
qui donne a l’ensemble son nom de dulbend. en fran^ais turban. Le takke, destine ä
empecher le feutre du fez de limer par son frottement la racine des cheveux, etait
autrefois le eomplement indispensable de ce bonnet rouge.
Abandonne des elegants depuis longtemps, il doit pourtant ä un assez grand
nombre de calvities precoces un regain de faveur.
Un fond vigoureux et eclatant propre ä faire ressortir et ä mettre en valeur les
broderies et les damasquinures des armes du Druse des environs de Damas, leur est
fourni par son entari court, de soie pourpre sillonnee de fines raies Manches, et par
l’ample calegon (don) en epaisse et moelleuse etoffe de coton blanc, qui verse ses
plis lourds dans l’entonnoir dore de ses hautes bottes de maroquin rouge. De lon-
gues houppes de soie pourpre se rattachent par des glands d’or aux bords de cet en-
tonnoir, et pendent sur les pointes des bottes fortement recourbees en Croissant.
Par dessus Yentari est passe un fermene, gilet ouvert, en drap fin, a manches tres
courtes; il est borde d’un lisere en galon d’or. Le tout s’encadre harmonieusement
dans un aha long jete sur les epaules; ce manteau de feutre noir et blanc est taille
en forme de machiah.