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De ce bois sacre, il fait encore a l’usage des gens du monde qui veulent utiliser
jusqu a un certain point les Souvenirs de leurs pelerinages, des necessaires de toilette,
des tables, des bibliotheques, des bureaux, et un nombre infini de bibelots plus ou moins
meublants. Tout cela se resume naturellement en argent. Le Juif de Jerusalem est
d onc, suivant le reve des Juifs de tous les pays du monde, sur le chemin de la richesse.
On s en aperqoit a sa mise grave et recherchee. Son kaveze noir evase par le haut
et termine en polygone, entoure d’un turban de mousseline blanche cötelee et divise
en deux lobes epanouis a droite et a gauche de sa tete en renflements bourres d’ouate,
et decouvrant par devant et par derriere le bas du cylindre sur lequel se croisent ses
plis, s enfonce sur le milieu de son front sans s’incliner davantage sur une oreille que
sur lautre. Son cou est enseveli dans un chale de cachemire blanc abordures en pal-
mettes, regulierement plie et se divisant sur sa poitrine en deux parties egales. Un djubbe
de cachemire blanc tombe avec la meine precision par dessus son entari long, de soie
blanche ä raies roses, ferme a la ceinture par un riche chale de cachemire des Indes
artistement noue, et traine jusqu’ä terre en cachant ses pieds, chausses de mest et
paboudj de maroquin noir.
Figure 2: juive de Jerusalem.
Naturellement, la nnse de la Juive de Jerusalem est encore plus luxueuse que
celle du Juif. Son fistan de satin vert fonce, ä brillants reflets d emeraude, est orne
de broderies d’or qui decorent et dissimulent toutes les coutures de sa jupe plissee,
ajustee ä la ceinture et sur la poitrine. Le bas de cette jupe est egalement borde dune
large bande de broderies d’or. Des palmes indiennes et des rinceaux d’or enrichissent
aussi les manches longues et ou wertes du fistan, qui sortent en s’etalant des manches '
plus* etroites du salta de cachemire blanc.
La Juive de Jerusalem est richement, mais bizarrement coiffee d’un hotoz confec-
tionne a l’aide d’un grand nombre de mouchoirs yemeni peints de fleurs eclatantes et
roules les uns par dessus les autres en forme de melon. Tout le bord inferieur en est
borde d’une rangee de sequins, et des epingles d’orfichees dans cette coiffure au dessus
du front et des oreilles retiennent deux autres rangs de piecettes d’or qui tombent le
long du nez et sur les deux joues, en produisant le plus singulier efifet. Un hach eurtussu
de mousseline blanche, pose sur le sommet du liotoz, encadre le visage, se croise sous le
menton et pend sur les bras et le dos. La chaussure se compose de mest et papoudj de
maroquin noir.