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Mossoul appartenait aux Chahs de Perse; eile a ete conquise par les Ottomans sous
Sultan Selim I. Nadir Chah essaya vainement de la reprendre en 1743 de l’ere chre-
tienne. Le climat de cette ville est extrem ement chaüd; mais les nuits y sont tres
fraiches et les habitants, qui ont adopte comme ceux de Baghdad la coutume de
eoucher sur les terrasses de leurs maisons, ont soin de se munir d’epaisses couvertures.
La plupart des maisons sont bäties en terre revetue d’une coucbe de platre ; la pierre
qui sert a la construction des portes et du pavage de ces maisons est une sorte de
gypse qui ressemble a du beau marbre gris et blanc; il est tres cornmun dans les
environs: lorsqu’on le tadle, on en met de cöte les restes pour les convertir cn platre.
On ne boit ä Mossoul que de l’eau du Tigre, et comme les hautes montagnes sont
a tme trop grande distance pour qu’on puisse se procurer facilement de la neige, on
rafraichit cette eau dans des vases de terre poreux, qu’on expose ä un courant d’air.
L’eau acquiert ainsi une fraicheur teile, qu’il y a entre la chaleur de l’air atmosphe-
rique et la sienne une difference de six a sept degres.
Le nom de mousseline donne au dulbend lui vient de Mossoul parce que les pre-
mieres etoffes de ce genre qu’on a connues en Europe venaient de cette ville, oü l’on
en fabrique encore aujourd’hui une grande quantite, et par oü passent toujours d’ail-
leurs celles qui arrivent des Indes par le gölte Persique. On fabrique aussi a Mossoul
beaucoup d’autres etoffes de coton, de belles soieries, des velours, des tapis, des
maroquins. II y a a Mossoul des usines oü Ton travaille le fer et le cuivre. C’est un
des plus grands marcbes de l’Orient. Etant situee presisement sur la route des cara-
vanes, cette ville reqoit toutes les etoffes, les drogues,les epices, les denrees diverses des
Indes, toutes les marcbandises de la Perse, les productions naturelles du Kour-
distan et le cafe de Moka.
Basra ou Bassora, point de depart de toutes ces ricbes caravanes qui se rendent
de la äux principales villes de la Turquie d’Asie, est situee sur le Chatt-el-Arab, fleuve
forme de la reunion du Tigre et de l’Eupbrate, a 48 kilometres environ au dessous
de ce confluent et a 110 kilometres du point oü le Cbatt-el-Arab se jette dans le gölte
Persique. Le principal commerce d’exportation de cette ville se fait avec les posses-
sions anglaises de finde, et consiste en perles, chevaux, cuivre, dattes et soie ecrue.
Les environs sont malsains et marecageux; ily croit en abondance duriz, du froment
et de borge. On y trouve beaucoup de Varietes de dattes, que les Arabes divisent en
qualites froides et en qualites chaudes. Les dattiers sont la richesse du pays; il en est
rempli depuis le confluent du Tigre et de l’Euphrate dans l’espace de plus de 120
kilometres. Eon seulement on en tire une nourriture saine et un vin agreable ; mais
encore on fabrique avec leur bois et leurs feuilles toute espece d’ustensiles, des
cordes, des paniers, des nattes et jusqu’a des babitations entieres.
On se sert ä Basra, comme a Baghdad, de pigeons voyageurs pour porter rapide
ment des nouvelles ä de grandes distances. Les Arabes conservent la genealogie de ces
pigeons avec le meine soin que celles des chevaux. Ils en usent de meine a l’egard de
leurs beliers, qui ont tous au bout de foreille un anneau blanc, marque imprimee,
suivant Hadji Kalfa, par les doigts du propbete au belier duquel cette race particu-
liere est sortie.