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tionnellement combine en vue du climat tres chaud du vilayet de Yemen. C’est une
chemise de calicot blaue tres ample, ä manches larges et evasees; une ceinture de
soie legere a larges bandes jaunes et blancbes, rayees de bleu et de rouge, a longs
effiles de ces quatre couleurs, termines en houppes, serre la chemise sur les hanches ;
on nomme cette ceinture kefie.
La coiffure de 1 ’ä’alim, de Hudeida consiste en une immense piece de dulbend
roulee en plis nombreux, autour de sa tete, de maniere ä mettre a l’ombre tout le
haut de son visage. Ses pieds nus reposent sur d’epaisses semelles depassant de
beaucoup en longueur les doigts; eiles sont fixees au moyen de courroies formant
brides passees sur le cou-de-pied et entre le pouce et les autres doigts, on les ap-
pelle muda'i.
Figure 2: bourgeois de hudeida.
Ce costume leger, assez eclatant, a quelque chose d’ambigu. II semblerait con-
venir parfaitement a un honnete garde netional, occupe journellement ä son Comp
toir, oü le reclament des expeditions incessantes de cafe ä diriger sur tous les points
du globe ; mais Charge de temps en temps, quand son tour se presente, d’aider la
veritable armee ä maintenir l’ordre dans sa ville. Sa ville est le mot, car il est bour
geois et notable ; on le voit a son air digne et penetre de l’importance de ses hautes
fonctions militaires, non moins que de son merite civil, peut-etre plus reel.
Yoici comment le bourgeois de Hudeida procede, pour revetir ce costume semi-
o’uerricr : il saisit d’abord avec chacune de ses mains l’une des extremites de la
piece de coton bleu nommee foutah, c’est-ä-dire tablier, destinee ä couvrir le bas de
son corps; par un geste bien connu de tous les baigneurs orientaux, il s’en enve-
loppe, la roule autour de ses hanches et l’y fixe en passant simplement un des coins
de l’etoffe entre ses reins et la piece eile meme. Pour plus de sürete encore, s’il est
en costume bourgeois, il attache par dessus le foutah une ceinture dite kefie, en soie
rayee; s’il est en tenue de garde national, il remplace le kefie par le süahlik, cour-
roie de maroquin rouge dont il se sangle fierement le ventre, et qui soutient a ses
flancs une petite giberne egalement en maroquin rouge, avec une poire ä poudre en
argent reposant dans son etui de chagrin rouge brode d’or.
Ensuite, il decore son torse nu du djourda, Chemisette ou plutöt veste de soie
rouge legere, au corsage brode de quatre larges croix d’or alezees, cantonnees de
croisettes recroisettees, et placees elles-memes en canton de chaque eöte de la poi-
trine, ainsi convertie en ecusson heraldique.
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