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Le voila vetu et equipe, il ne lui reste plus qu’ä se coiffer, a se chausser et enfin
ä s’armer. C’est ce qu’il fait en posant sur sa tete nn majestueux mecyr prepare d’a-
vance, turban volumineux compose cl’une toile verte fixee a demenre en volutes mul-
tipliees, sur une callote de feutre gris doublee interieurement de mousseline blanche.
Ses pieds nus sont introduits dans les brides de cuir de ses tcharyk, qui ne different
en rien des nadass qu’on connait deja. Une courroie de cuir noir suspend ä son epaule
et fait reposer le long de ses flancs, ä hauteur des hanches, de sorte que la poignee
semble sortir du silahlik, son kilidj, sabre recourbe a manche d’ivoire sans garde, en-
toure de fils d’or, d’argent ou de laiton. Enfin, il saisit son fusil au canon damasquine
d’or, aux capucines d’argent, ä la crosse precieusement marquetee d’ivoire vert et
blanc, d’ecaille et d’ebene, avec son paquet de meche accroche ä la sous-garde ; il
est au complet. En voila pour 531 piastres (106 francs 20 Centimes), armes et fourni-
ment compris.
Flgure 3: dame musulmane de sanaa.
Chez eile, la dame musulmane de Sanaa porte seulement deux pieces d’habille-
ment qui sont d’abord une chemise longue sans manches, de coton bleu a raies rouges,
ornee sur le cöte d’une figure geometrique ou pour mieux dire cabalistique, brodee
en or, et representant un parallelogramme allonge, dont l’une des faces les plus
courtes, celle du bas, est compliquee d’un rang de losanges qui se redoublent en sc
croisant; c’est un talisman destine ä garder celle qui le porte de tout malefice. Yient
ensuite le chalwar, en coton raye de rouge et de bleu; il est taille en forme de pan-
talon un peu etroit, presque collant, et s’arrete precisement au dessus des malleoles.
Ordinairement, les pieds sont nus ; mais quelques dames musulmanes de Sanaa aiment
ä porter des chaussettes de coton blanc tres fin.
Quand eile veut sortir, la dame musulmane de Sanaa chausse les tahsouma, qui
sont d’epaisses semelles de bois, plates et sans talons, munies de larges brides de cuir
brode en or et en soies de couleurs diverses. Elle cache ses cheveux sous un yemeni
borde d’une large dentelle blanche, et l’enveloppe ensuite dans un voile de coton
rouge seine de figures diverses, pois, lignes de fleurs, allees de petits cypres, palmes
indiennes, etc., peintes en blanc. Ce voile est arrange et fixe par des epingles de ma-
niere ä laisser voir la bande de dentelles du yemeni, ä cacher tout le visage ä l’ex-
ception des yeux, et a former une espece de mante en tombant sur les epaules, les.
bras et le dos.