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Involontairement que, selon la tradition, le patriafche Abraham a vecu longtemps ä la
Mecque, oü, avec son fils Ismael, il a bäti la Kaaba.
N’etait-ce pas ainsi, en effet, que les jeunes prmcesses, filles du grand ancetre des
Arabes et des Hebreux, soeurs d’Ismael et d’Isaac, passaient, couvertes de triples voiles
et toutes constellees de bijoux et de broderies resplendissantes, au milieu des peuples
eblouis?
Trois longs voiles superposes enveloppent de Ieurs plis transparents la ehemise
de soie violette, a larges manches trainantes, et le chalwar de taffetas rouge ä raies
noires enrichi, au dessus des malleoles, d’une epaisse broderie d’or. Le premier de ces
voiles, appelles mahrama, est de gaze rouge; toute sa partie superieure, que Ton pose
sur les cheveux et autour du front, est garnie d’une broderie d’or sur laquelle sont cou-
sus des sequins. Le second voile, un peu plus court, de gaze blanche, est borde de
bandes de broderie d’or et de soies de couleurs vives. Le troisieme, enfin, de mousseline
blanche, borde d’une etroite gamiture de dentelle d’or, couvre les deux autres et traine
par derriere comme un manteau royal, melant ses plis ä ceux du premier voile et des
manches de la ehemise de soie.
D’ordinaire les pieds sont nus, sans autres omements que les halhal, bracelets
d’argent garnis de grelots, qui resonnent a chaque pas ; mais quelquefois, la darne
musulmane de Mekke chausse des bas de fin coton blanc et des paboudj de velours
rouge brodes d’or et de perles, et garnis de houppes en fils de soie et d’or.
Les bras nus de la dame musulmane de Mekke sont charges de bracelets formes
de boucles de filigrane d’or et d’argent, melees de grelots. Autour de son cou s’etend
sur le haut de sa poitrine une sorte de pelerine carree en tissu d’or sur lequel sont
cousus des sequins; eile est garnie d’une crepine d’or. La dame musulmane de
Mekke porte des boucles de bijouterie au nez et aux oreilles. Celles du nez sont
courtes et ordinairement au nombre de trois. Celles des oreilles sont de longues pen-
deloques de filigrane d’or, au bout desquelles pendent jusqu’au dessus de la ceinture,
des chainettes composees de plusieurs rangs de sequins enfiles.
Figure 3: jeune fille moresque de tripoli de barbarie.
Yoici encore un costume riche, original et pittoresque, un peu bizarre peut-etre ;
mais assez coquet; c’est celui de la jeune fille moresque de Tripoli de Barbarie
(taraboulous gharb.) On n’y voit rien que soie, velours, argent et or. La ehemise,
un peu courte, ne descend pas beaucoup au dessous du jarret; ses manches, extreme-