— 42 —
enfouir ses plis enormes dans les vastes profondeurs des kaltchoun blancs, evases et ra-
battus en retroussis, comme les bottes a entonnoirs videes si glorieusement par le ma-
rechal de Bassompierre a la sante des treize cantons snisses. La ceinture de laine
bleue qui serre le chalwar a la taille est encore un assez joli morceau d’etoffe.
Bien des considerations pourraient ressortir, si on le voulait bien, des yemeni
rouges que le Bulgare de Ahi Tchelebi porte ä ses pieds. On peut se borner ä deux
principales consequences, qui en decoulent immediatement: la premiere a besoin d’etre
confirmee par une information locale; mais eile est probable et consiste en ceci, ä
savoir que les gens chausses de yemeni sont necessairement des habitants de villes, de
gros bourgs et autres localites oü la marche est favorisee, sinon par un pavage quelcon-
que, du moins par un terrain naturellement sec et aplani. La seconde se passe de
preuves. L’ensemble de leur costume, la prodigalite d’etoffe qui y regne, suffit et au
delä pour demontrer que les habitants de Ahi Tchelebi sont des proprietaires ruraux
fort ä leur aise, qui, marchant sur leurs terres, ont la faculte de porter des chaussures
relativement riches, et ne craignent pas trop de les user.
PLANCHE IX.
Ficjare 1: femme Bulgare de ahi tchLlLbi.
Cette proposition reqoit une sorte de confirmation, difficile ä nier, de la seule vue
du costume de la femme bulgare de Ahi Tchelebi, quoique ce costume ne soit certai-
nement pas tres luxueux et que, chose rare chez les femmes, les bijoux n’y brillent
presque, pour ainsi dire, que par leur absence.
En effet, que constate-t-on d’ordinaire dans le costume des femmes bulgares ?
L’absence de toute lingerie autre que la chemise, le defaut complet de bas et de
caleqons. Or ici nous trouvons des bas de laine rayes, un caleqon qui laisse voir
ses plis bouffants par dessous la chemise, et de plus, chose qui prouve surabon-
damment l’aisance des habitants de ce bourg, et la benignite du terrain qu’ils
foulent de leurs pieds, ces pieds sont chausses de terlik en aba, c’est-ä-dire de pan-
toufles en feutre, chaussure de chambre s’il en tut jamais.