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Figure 2: Bulgare chretien de widdin.
Widdin, une des trois grandes places militaires de la ligne du Danube, est indus-
trieuse et commercjante. Placee en vedette devant les defiles de la Transylvanie et la
petite Valacliie, eile couvre les approches de la Serbie et defend la route de Nich.
Ses habitants, en partie chretiens, offrent dans leur costume de grandes ressem-
blances avec celui des Eoumains, leurs voisins de la rive opposee.
Un des caracteres principaux de ce costume, tres original, consiste en ces larges
broderies en application de drap bleu, vert, jaune et plus souvent encore rouge, qui
forment, au moyen de reapplications en ganse, de coton blanc, de laine ou de soie, et
quelquefois meme d’or ou d’argent, des dessins bizarres; mais elegants et gracieux, sur
leurs lourdes pelisses de mouton, au poil tourne en dedans pour mieux les garantir
du froid.
On en voit un parfait modele dans le bol keurku de notre Bulgare chretien de
Widdin. Avec une semblable pelisse, il peut braver des froids siberiens. Ses autres
vetements, en aha (feutre) blanc, sont egalement chauds, larges, aises et pittoresques.
Son kalpak en peau d’agneau noir lui a sans doute ete legue par ce paysan du Danube
que l’histoire romaine a rendu celebre. Son kyssa entari (robe courte) de coton raye ct
et le bol entari en aba qui le recouvre sont serres ä la taille par une epaisse ceinture
de laine rouge. Son potour en aba est renforce sur les jambes par des Jcaiche (bas de
chausses) par dessus lesquelles viennent se notier, ä la fac;on du cothurne antique, les
cordelettes de laine de ses tcharik, sorte de chaussure en peau brüte qui tient
le milieu entre Vespadrille et le mocassin, plus faconnee que celui-ci, moins
ouvragee que l’autre.
Les habits en peaux de mouton du vilayet de Touna sont l’objet d’une fabrication
importante. Un seid tailleur de Toultcha: Stoyan, produit chaque annee, en ce genre,
six mille pieces d’habillement dont voici les prix en detail:
Manteau (hoi keurku) francs 18
Yeste (kyssa keurku) 18,50
Pantalon (potour) 15,75
47,25.
La consommation des manteaux etant moins grande, a ce qu’il parait, que celle des
pantalons, ce qui s’explique facilement, puisque ces vetements sont a l’usage d’agricul-