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d’orfävrerie, que Ton a cru earichir par une prodigalite de
touches brillantes.
Le decor en email doit toujours etre composd en se
souvenant des origines de cette industrie elegante. Comme
dans les bijoux merovingiens, oü le paillon sous verre
rouge reproduisait, entre les entrelacs du filigrane d’or,
l’effet des cabochons ou des tables en rubis et en grenats,
lemail, meme nuance dans le goüt des anciennes plaques
rhdnanes, ne peut s’affranchir des Souvenirs des pierreries
ou de l’imagerie en mosaique des artistes byzantins. Nous
avons souvent critique l’oeuvre des peintres verriers lorsqu’ils
oublient le genre propre ä leur art pour jeter, sur les
baies d’une fenetre, une peinture transparente qui assombrit
l’edifice, cherchant, sans espoir de les trouver, les effets
de clair-obscur propres aux tableaux dont une couleur
opaque forme le fond. De meme, en applaudissant aux
succes des emailleurs qui savent resoudre les difficultes
techniques de tons juxtaposes, de couleurs nuancees, ne
pouvons-nous approuver le choix d’un carton colore en
teintes neutres, en touches detaillees, en nuances fondues,
que lemail ne rendra jamais fidelement tout en perdant
son caractere decoratif, sa richesse d’aspect. C’est l’erreur
dans laquelle etait tombee uu orfevre allemand en plagant
sur un calice des medaillons emailles plutöt dans le goüt
des peintures qui decoraient les cuvettes de montres
Louis XVI, que rappelant les plaques des autels portatifs
exdcutes autrefois sur les bords du Rhin.