104 EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
Voila pour les absents. Les presents m’ont paru donner lieu ä quelques
remarques generales, & des critiques, si Ion veut, qui me semblcnt avoir
quelque importance.
En premier lieu, nous ne sommes jainais prets. Je cileiai un de nos
exposants, remportant un diplome d’honneur dans le groupe XIV, qui
est arnve avec la medleure moitie de son exposilion l avant-veille de la
clöture des travaux du Jury.
Nos exposants manquaient generalement de representants, ou bien
ecux-ci etaient introuvables ; je sais que cela peut tenir surtout a ce que,
leurs ben^fices commerciaux etant tres-restreints, beaucoup de nos med-
leurs artistes ne peuvent faire de grandes depenses pour les expositions.
Mais ce qui n’a pas la meme excuse, c’est l’insouciance avec laquelle ils
offrent leurs produits ; ils n’ont pas de prospectus ni de catalogues, les
objets qui garnissent les vilrines sont a peine denomm^s; personne ne
pense a faire connaitre en quelques mots les quahtes qui peuvent signaler
les objets exposes, les dispositions nouvelles quds presentent, et surtout a
traduire ces indications dans la langue du pays ou se tient 1 exposition. Ce
qui est plus inimaginable encore, c’est que nos exposants ne paraissent
pas se douter qu’ils ont des döfenseurs nalurels dans la personne des
rnembres frangais du Jury : ds les laissent partir sans leur avoir louini
aucun document qui puisse suppleer aux renscignements qu ils ont neglige
de joindre a leurs produits exposes. Nos exposants semblent croire, pour
la plupart, qu’une fois leurs caisses mises en gare le reste est l’affaire du
Gouvernement, que c’est lui qui a la charge de faire valoir leurs produits,
on est oblig£ de leur ecrire pour en arracher des renseignements a pre
senter au Jury international, pour faire valoir leurs litres a une recompense,
et quelquefois meme ne comprennent-ils pas bien ce qu on leur demande.
En un mot, nos fabricants d’instruments de precision nont gdneralement
pas le sens commercial; ils ont ete habitues a n avoir de relalions avec
l’^tranger que par des savants de passage a Paris ou par les commission-
naires qui savent les trouver pour les exploiter. Aujourdhui, cela meme
va leur manquer : il faut savoir mamtenant aller trouver le consomma—
teur; nos rivaux, pour ne pas dire nos ennemis, sont beaucoup plus actifs,
et surtout ils savent beaucoup micux que nous faire usage de l’imprimerie,
dont les prix ne sont peut-etre pas comme ici rcndus difficilement abor-
dables par les coalitions d’ouvriers.
En dehors de leur utilitd intrinseque, les observations qui prdcedent
font ressortir ce qu’il y a de favorable a la France dans le resultat dun
concours dans lequel, tout insuffisamment repr&entec quelle 6tait, eile
tient cependant une des premieres places. La statistique des recompenses