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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
d’etbyle; d’un autre cote, la pr^paration de la methylaniline ne paraissait
pas pouvoir etre realisee en dehors de l’intervention d’un bromure ou
d’un iodure alcoolique. Ajoutons qu’un procede primitivement employe
pour l’oxydation de la methylaniline exigeait lui-meine l’emploi de
l’iode 1 .
Dans ces conditions, la production directe des violets par l’oxydation de
la inethylaniline, selon la decouverte de M. Charles Lauth, n’aurait pas
offert des avantagesmarques, du moins au point de vue desprix de revient.
Heureusement, ce dernier probleme, savoir la preparation economique
de la methylaniline, a ete resolu d’une maniere tres-satisfaisante par
M. Bardy. Le procede indiqud par ce chimiste consiste ä chauffer sous
pression un melange de chlorhydrate d’aniline et d’esprit de hois : il se
forme du chlorhydrate de methylaniline et de l’eau. C’est une application
fort heureusede la reaction qu’avait indiquee M. Berthelot pour la produc
tion des alcaiis dthyliques et methyliques parle chlorhydrate d’ammoniaque 2 .
Mais, quelle que soit l’importance de la decouverte de M. Bardy au point
de vue industriel, le probleme n’etait resolu qu’ä moitie, et il appartenait
ä M. Ch. Lauth, qui en a eu la premiere idee, de lui donner aussi une solu-
tion definitive, fortune rare pour un inventeur, mais aussi exemple remar-
quable de sagacite et de persdverance. M. Lauth a fait denombreux essais
pour realiser l’oxydation de la methylaniline. 11 a trouve que le chlorhydrate
de cette base se convertit en violet par la seule action de Fair 4 une tempe-
rature eievee. Le reactif oxydant auquel il s’est arr4te definitivement est le
1 Voici un de ces procedes brevetes, de MM. Poirrier et Chappat, pour la production du violet
de Paris par i’oxydation de la methylaniline. Nous le rappelons ici pour memoire.
Dans une marmile de tonte emaillee, d’une capacite de a5o lilres environ, et placee dans un
bain-marie, on inlroduit:
Methylaniline. . 5o kilog.
Chlorate de polasse Ao
lode io
Le chlorate de potasse et l’iode sont ajoules, par fractions, dans l’espace de quelques lieures.
Apres l’addition de la premiere dose, on chauffe de 8o ä i oo degres, et l’on malntient cette tempe-
rature pendant quatre ä cinq jours, jusqu’a ce qu’on obtienne une masse dure d’un beau vert
bronze.
On traite cette masse par une lessive de soude qui lui enIAve l’iode, en meine temps qu’elle pre-
cipile la base du violet. Le cblorure de potassium forme et l’exces de chlorate, ainsi que l’iodure,
reslent en dissolution. Le precipite est d’abord lave ii l’eau bouillante, puis repris par l’eau chargee
d’acide cldorhydrique, qui dissout la base methylee a l’elat de chlorhydrate. La solution fillree,
qui est d’un beau violet, est precipilee par le sei marin. On voit que l’oxydant d’abord employe
par MM. Poirrier et Chappat elait un melange de chlorate de polasse et d’iode, c’esl-a-dire de
l’acide iodique.
2 Annalps de chimie et de physH/ue, 3' Serie, 1. XXXVIII, p. 63.