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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE
9 4 degres (Schaeffer), douees d’une odeur desagreable et d’üne saveur de
phenol.
Transformation da naphtol en dinilronaphtol.
Elle s’effectue facilement lorsqu’on traitc le naphtol a ioo degres par
un melange d’acide sulfurique et d’acide nitrique. On lave ce produit par
l’eau.
Le dinitronaphtol, jaune (Tor ou jaune de Manchester, est une suhstance
cristallisee d’un beau jaune 1 .
CHAP1TRE VII.
ALIZARINE ARTIFICIELLE.
Celui qui fut longtemps le doyen des industriels d’Alsace, M. D. Kcech-
lin-Sehouch, ecrivait, en i8a8 : «De toutes les substances qui servent
en teinture, aucune ne merite autant de fixer notre attention que la ga-
rance, qui est devenue d’un emploi si general, quelle forme la base de
presque toutes nos teintures.» Dans un certain sens, ces paroles sont en-
core vraies, car le principe colorant de la garance, l’alizarine, refoit en-
core aujourd’hui les applications les plus variees. Et pourtant la matiere
prerniere qui la contient et la fournit, cette garance dont la culture et
l’emploi ont fait la fortune de plusieurs contr^es, est bien pres d’£tre
atteinte dans ses principaux debouches, et cette decadence d’un produit
naturel est due ä une des conquetes les plus etonnantes de la Science
moderne : l’alizarine est fabriquee aujourd’hui par synth^se.
L’bistoire de cette decouverte est tellement instructive et met en Ur
iniere d’une maniere si ^clatante 1’inlluence de la Science sur les pro-
gres de l’industrie, que nous croyons devoir exposer, avec quelques de-
tails, ses origines et son developpement actuel.
L’alizarine avait 4te extraite pour la prerniere fois parRobiquet et Colin
de la garance d’Alsace. Robiquet en avait donne une assez bonne analyse.
Celles qui ont 4te publikes par Schunck sont plus exactes pour l'hydrogene,
et avaient conduit leur auteur a proposer pour l’alizarine cristallisee la
formule C 14 H 5 0 4 + 3aq. (C = 6; H = i; 0 = 8), laquelle, traduite dans
la notationatomique, devient C 14 H ,0 O i + 3H 2 0. Chose curieuse, la formule
C 14 H 10 0\ qui est bonne pour le cai’bone et l’oxygene, n’a pas 4te accep-
t^e. Laurent, ayant observe que les agents oxydants convertissent l’aliza-
rine en acides phtalique et oxalique, envisagea ce corps eomme un d^rive
de la naphtaline, c’est-a-dire comme l’acide oxynaphtalique C 10 H°O 3 , dont
1 Wichelhaus et DarmsUedter, Bull, de ln Societe chim. t. XII, p. 5os.