MONUMENTS HISTORIQUES.
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Le classement d’un edifice a pour objet principal de faire connaitre
qu’il präsente, soit au point de vue de l’histoire, soit a celui de l’archeo-
logie, un intiret süffisant pour qu’il soit place sous la protection speciale
du Gouvernement, qui se chargc de veiller a sa Conservation, soit en ai-
dant ä sa restauration, soit en empechant les alterations qu’on voudrait
apporter ä son caractere par des restaurations inintelligentes, plus fu-
nestes encore que les ravages du temps. La loi des finances qui ouvre un
credit pour la Conservation des monuments historiques autorise, en prin
cipe, et justifie tous les acles de l’administration qui tendent a obtenir
ce resultat; eile donne aux mesures ayant pour effet la Conservation des
edifices class&s un caractere d’utilite publique qui s’etend jusqu’au droit
d’expropriation, soit qu’il s’agisse de debarrasser un monument de cons-
tructions parasites qui compromettent son existence, soit qu’il s’agisse
de sauver une propriete particuliere d’une grande valeur archeologique
qui serait menac^e de destruction.
En meine temps que ce premier classemcnt s’accomplissait par les soins
de la Commission des monuments historiques, le Ministre de l’interieur
renouvelait a tous les prefets l’invitation de lui faire connaitre les besoins
des principaux edifices de leurs departements, et de refuser toute autori-
sation aux changements ou rdparations importantes qui n’auraient pas refu
la sanction de la Commission.
Des ce moment l’impulsion etait donntie; de nombreuses societes sa-
vantes s’etaient formees dans les ddpartements et s’appliquaient a rechcr-
cber et a signaler les monuments dignes d’int^ret, a assurer leur Conser
vation dans les limites de leur action, pendant que, d’un autre cötd, le
Coinite des arts et monuments, institue des 1’anncie i834, au Mi niste re
de l’instruction publique, par M. Guizot, s’occupait a dresser et a porter
ä la connaissance du public une serie d’instructions ayant pour but
d’eclairer les Societes departcmentales sur la valeur des monuments des
temps pass^s, la d^termination des 6poques de leur construction, et sur
les signes caracteristiques qui pouvaient les guider dans les recherches.
L’ann^e suivante, le credit allou^, en 1838, au Service des monuments
historiques, etait double et porte au chiffre de 4oo,ooo francs; le
nombre des membres de la Commission, primitivement fixe a huit, se
trouva des lors augment^ par l’adjonction de M. Charles Lenormant,
membre de l’Institut, de MM. de Golbdry, de Sade et Denis, membres de
la Chambre des deputds, de M. le Directeur des beaux-arts; le Ministre
prenait en personne la pr&sidence de la Commission. MM. L. Vitet et P.
Merimee <5taient nommes vice-presidents, et M. Grille de Beuzelin, cbef de
bureau des monuments historiques, &ait appele aux fonctions de secretaire.