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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
saurait modifier les conditions d’equilibre d’un monument qui a si\ ou se[)t
siecles d’existence sans courir des risques. Les constructions, comme les
individus, prennent certaineshabitudesd’etre avec lesquellesil faut corapler.
11s ont (si Ton ose ainsi s’exprimer) leur temp6rament, qu’il faut etudier
et bien connaitre avant d’entreprendre un traitement regulier. La natu re
des materiaux, la qualite des morliers, le sol, le Systeme general de la
structure par des points d’appui verticaux ou par liaisons horizontales, le
poids et le plus ou moins de concrelion des voutes, le plus ou moins
d’elasticite delabatisse, constiluent des tempdraments differents.
«Dans tel ddifice oü les points d’appui verticaux sont fortement roidis
par des colonnes en ddlit, comme en Bourgogne, par exemple, les cons-
tructions se comporteront tout autrement que dans un edifice de Normandie
ou de Picardie, ou toute la structure est faite en petites assises basses. Les
moyens de reprises d’ätayement qui rdussiront ici, causeront ailleurs des
accidents. Si Ton peut reprendre impunement par parties une pile com-
posee entierement d’assises basses, ce meine travail, exäcute derriere des
colonnes en dälit, causera des brisures. C’est alors qu’il faut bourrer les
joints de mortier ä l’aide de palettes de fer et ä coups de marteau, pour
dviter toute ddpression, si minime quelle soit; qu’il faut meme, en cer-
tains cas, enlever les monostyles pendant les reprises des assises, pour les
remplacer apres que tout le travail en sous-ceuvre est acheve et a pris
temps de s’asseoir.
«Si l’architecte charge de la restauration d’un ddifice doit connaitre les
formes, les styles appartenant a cet edifice et ä l’ecole dont il est sorti, il
doit mieux encore, s’il est possible, connaitre sa structure, son anatomie,
son tempärament, car avant tout il faut qu’il le fasse vivre. Il faut qu’il ait
penetre dans toules les parties de cette structure comme si lui-meme l’avait
dirigde; et, cette connaissance acquise, ildoit avoir a sa disposition plusieurs
moyens pour entreprendre un travail de reprise. Si l’un de ces moyens
vient a faillir, un second, un troisieme doivent ätre tout prets.
«N’oublions pas que les monumenfs du moyen äge ne sont pas construits
comme les monuments de l’antiquite romaine, dont la structure procede
par resistances passives, opposees ä des forces actives. Dans les construc
tions du moyen äge, tout membre agit. Si la voute pousse, l’arc-boutant
ou le contre-fort contre-butent. Si un sommier s’dcrase, il ne suffit pas de
l’dtayer verticalement, il faut prevenir les poussees diverses qui agissent
sur lui en sens inverse. Si un arc se deforme, il ne suffit point de le cintrer,
car il serl de butee ä d’autres arcs qui ont une action oblique. Si vous en-
levez un poids quelconque sur une pile, ce poids a une action de pression
ä laquclle il faut suppleer. En un mot, vous n’avez pas ä mainlenir des