MONUMENTS H1STORIQUES.
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forces inertes agissant seulement dans ie sens vertical, maisdcs forces qui
toutes agissent en sens oppose, pour etablir un equilibre; tout enlevement
d’une partie tend donc a deranger cet äquilibre. Si ces problemes posds
au restaurateur ddroutent et embarrassent ä chaque instant le constructeur
qui n’a pas fait une appreciation exacte de ces conditions d’equilibre, ils
deviennent un stimulant pour celui qui connait bien i’edifice a reparer.
C’est une guerre, une suite de manceuvres qu’il faut modifier cliaque jour
par une observation constante des effets qui peuvent se produire. Nous
avons vu, par exemple, des tours, des clocbers, etablis sur quatre points
d’appui, porter les ebarges, par suite de reprises en sous-oeuvre, tantöt
sur un point, tantot sur un aulre, et dont Taxe changeait son point de
projection horizontale de quelques centimetres en vingt-quatre heures.
«Ce sont la de ces effets dont l’architecte experimente se joue, mais a
la condition d’avoir toujours dix moyens pour un de prdvenirun accident,
a la condition d’inspirer assez de confiance aux ouvriers pour que des pa-
niques ne puissent vous enlever les moyens de parer a chaque evenement,
sans ddlais, sans tätonnements, sans manifester des craintes.
«L’architecte, dans ces cas difficiles qui se presentent souvent pendant
les restaurations, doit avoir tout prevu, jusqu’aux effets les plus inattendus,
et doit avoir en reserve, sans bäte et sans trouble, les moyens d’en prb-
venir les consäquences ddsastreuses. Disons que, dans ces sorles de travaux,
les ouvriers, qui chez nous comprennent fort bien les manoeuvres qu’on
leur ordonne, montrent autant de confiance et de devouement lorsqu’ils
ont eprouvd la prevoyance et le sang-froid du chef, qu’ils montrent de
defiance lorsqu’ils apercoivent l’apparence d’un trouble dans les ordres
donnes.»
Les travaux de restauralion de nos anciens edifices, comme le disait si
bien M. Viollet-le-Duc, ont d’ailleurs obligd nos architectes ä dtendre le
cercle de leurs connaissances, ä s’enquerir des moyens önergiques, expd-
ditifs, surs; ä se mettre en rapports plus directs avec les ouvriers en bati-
ments, ä les instruire aussi, et ä former, soit en province, soit ä Paris, de
rentables ^coles qui fournissent d’excellents sujets. Partout, et principa-
lement dans les localites isolees, l’influence bienfaisante de ces travaux
s’est fait sentir, et non-seulement ils contribuent ä la ricbesse du pays et
au bien-etre des classes laborieuses, mais ils ont eu pour effet incontestablc
de relever bien des industries tomb^es en desuetude, et de ramener l’abon-
dance dans certains centres desbentes, en meme temps qu’ils ont sauve
d’une ruine certaine les monuments qui sont les jalons de notre histoire et
qui font l’admiration de tous les etrangers qui visitcnt la France.
Un grand pas a ote fait dans cette voie gräce ä la persistance, ä l’unite d’ac-