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MONUMENTS HISTOIUQUES.
d’Eurc et d’Airan, et qui fut, dit-on, construit sous le regne d’Auguste
par son gendre Agrippa, investi, dans le midi des Gaules, de la cliargc
d’intendant general des eaux (curator perpetuus aquarum).
Situe a 2,1 kilometrcs au nord-est de Nimes, le pont du Gard relie les
dcux rives dune vallee profonde au milieu de laquelle coule la riviere du
Gardon. Trois rangs d’arcades en plein cintre elev4es les unes sur les autres
forment cette masse imposante de 962™,5o de longueur sur tiq m ,ho de
hauteur. Le premier rang comprend toule la largeur du lit de la vallee, et
presente un pont de six arches de diametres inegaux ethautes de 2o"',5o;
sous l’une d’ellespasse le Gardon; ses eaux ne se repandent sous les autres
arches inferieures que dans les crues extraordinaires. Le second rang se
compose de onze arches de iq m , 5o d’eldvation et de diametres egaux a
ceux des arcades correspondantes de l’ordre inferieur. Enfin le troisieme
rang, haut de 7“,io, est formd de trente-cinq arceaux de A m ,8o d’ouver-
turc, qui supportent lc canal 011 aqueduc pour lequel celte etonnante
construction a ete elevee. Ge canal a i m ,35 de largeur sur 1 ,66 de hau-
teur dans ccuvre; il est couvert en dalles de 1 metre de largeur sur 3 de
long, faisant saillic sur chaeun des murs lateraux. lous les joints sont
garnis de ciment d’une durete extreme, et les parois intericures du canal
en sont egalcment revetues. Le fond de l’aqueduc est garni dun beton
tres-fin et dur.
L’epaisseur des piles, d un parement a lautre, est de 6 metres au pre
mier rang, de A m ,5o au second, de 3 metres au dernier. La constiuction,
sauf a l’etage supericur, cst faite de pierres ou plutot de blocs enormes
posds a sec sans ciment ni mortier.
Cet aqueduc a servi longtcmps; on peut sen convaincre en examinant
les couches si epaisses de Sediment qui garnissent 1 interieur du canal ou
coulaient les eaux. On croilqu’il fut rompu au v" siede, lors des premiercs
invasions des barhares, qui se seraient rendus maitres de Nimes en la pri-
vant de ses eaux. Depuis lors, le pont du Gard ne fut plus quune simple
voie de communication. 11 est, en effet, aise de reconnailre, sur la face
occidentale du monument, les traces dune profonde echancrure pratiquee
dans l’epaisseur des piles du second rang et remplie aujourdhui par des
assises de pierres dont la teinte annonce une reparation recente. C est au
moyen de ces echancrures (jue l’on avait dtabli jadis, entre les deux rives
du Gard, un passage qui subsista jusqu’au commencemcnt du siede der
nier. Les entailles faites dans les quatre assises au-dessus de la corniche jus-
qu’a une hautcur de 2 m ,2 0 presentaient, dans 1 empalement de la conslruc-
tion inferieure, unc largeur de plus de 2 metres, süffisant a la circulation
des chariots et des betes de somme. On a generalcment cru jusqu ici que